2084 La fin du monde – Boualem
Sansal (2015)
Allégorie en forme de sonnette
d’alarme
Les deux premiers tiers du bouquin
sont excellents, présentation du monde et son appréhension par le
personnage principal, mais malheureusement le dernier tiers, les
cents dernières pages paraissent inutiles tant l’essentiel a été
dit dans le reste du roman.
L’action se déroule dans un
univers que je qualifierais de techno-médiéval que l’on pourrait
aisément comparer avec celui de la légende d’Hawkmoon de
Moorcock, obscurantiste et rétrograde.
La langue est belle,
paradoxalement peut-être un peu trop belle pour de l’anticipation.
Etre trop lettré ou trop savant sémantiquement est-il un handicap
pour ce genre de littérature ? Le plaisir des mots peut-il
prendre le pas sur l’immersion souhaitée ?
Boualemn Sansal crée un
néologisme judicieux pour ériger et étoffer son futur dystopique,
le burnikab, mélange de burka et de nikab, éclairant d’évidence
l’objet de sa critique acerbe.
Dans 1984, Orwell s’est inspiré
des deux grands totalitarismes du XXème siècle. Dans 2084, Sansal
pousse le dernier en date jusqu’à sa logique ultime. Il en change
le dieu et le prophète afin d’appuyer plus pertinemment encore sa
démonstration.
Pour conclure, un livre
malheureusement pas au niveau du sujet fondamental dont il s’empare.
La description des rouages du monde et les citations du Gkabul sont
intéressantes mais le récit en lui-même, pourtant prometteur,
s’empêtre dans le rien, dans un manque d’imagination qui fait
cruellement défaut.
Tous les noms des personnages de
Sansal ne comportent que trois lettres : Ati, Koa, Nas, Abi etc.
et cela a forcément un sens. Certainement une façon de renforcer le
caractère tyrannique du futur qu’il dépeint, où même les noms
sont strictement encadrés par une norme délirante considérée
comme divine.
Samuel d’Halescourt
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