lundi 25 janvier 2016

La Couleur Pourpre de Steven Spielberg (1985) Note : 15/20

Parcours d’une libération


L’histoire de deux sœurs dans une Amérique pauvre et rurale du début du XXème siècle. Nettie est belle, Celie l’est beaucoup moins, là est l’origine du drame et du déchirement dont nous sommes témoin.

Le personnage de Danny Glover est un magnifique condensé de rusticité et d’ânerie, une sorte de Biff Tannen noir, avant que vienne le temps de la remise en question et de l’alcool après que Cellie ait pris le large, jusqu’à la rédemption finale où il accomplit enfin une action bonne et digne en participant à la réunion des deux sœurs.

Quant à Whoopi Goldberg, elle est réellement impressionnante dans l’interprétation de cette femme soumise, apeurée et maladivement timide ; elle crève littéralement l’écran. Par certains aspects, on est face à du Fellini version afro-américaine, un black Amarcord. Spielberg aurait du mal à nier cette suprême paternité et référence.

Ce film est une ode à l’émancipation des mal nées, des aliénées dès la naissance, à celles qui passent d’un beau-père incestueux à un mari tyrannique et qui par l’entremise d’une chanteuse excentrique arrachent leur liberté.

Evidemment ces tranches de vies sont impeccablement réalisées, quoi de plus normal avec Steven aux manettes, mais rien de transcendant, d’abouti, de définitif.

Pour conclure, une belle œuvre qui restera malheureusement mineure dans la filmographie de Spielberg, une respiration entre deux blockbusters, une lumière obstruée par l’ombre d’astres cinématographiques trop puissants.

Un film sensible, subtil, avec quelques défauts assurément mais toujours sincère et dans l’expérimentation appréciable du bucolique états-uniens.

Du petit rade de campagne à l’église protestante et de leur concurrence assumée. Du rapport de descendants d’esclaves aux blancs toujours hantés par l’histoire et l’évocation d’une Afrique fantasmée et folklorique. D’une femme opprimée qui trouve le courage de prendre la poudre d’escampette et de se réinventer.




Samuel d’Halescourt

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