Parcours d’une libération
Le personnage de Danny Glover est
un magnifique condensé de rusticité et d’ânerie, une sorte de
Biff Tannen noir, avant que vienne le temps de la remise en question
et de l’alcool après que Cellie ait pris le large, jusqu’à la
rédemption finale où il accomplit enfin une action bonne et digne
en participant à la réunion des deux sœurs.
Quant à Whoopi Goldberg, elle est
réellement impressionnante dans l’interprétation de cette femme
soumise, apeurée et maladivement timide ; elle crève
littéralement l’écran. Par certains aspects, on est face à du
Fellini version afro-américaine, un black Amarcord. Spielberg aurait
du mal à nier cette suprême paternité et référence.
Ce film est une ode à
l’émancipation des mal nées, des aliénées dès la naissance, à
celles qui passent d’un beau-père incestueux à un mari tyrannique
et qui par l’entremise d’une chanteuse excentrique arrachent leur
liberté.
Evidemment ces tranches de vies
sont impeccablement réalisées, quoi de plus normal avec Steven aux
manettes, mais rien de transcendant, d’abouti, de définitif.
Pour conclure, une belle œuvre
qui restera malheureusement mineure dans la filmographie de
Spielberg, une respiration entre deux blockbusters, une lumière
obstruée par l’ombre d’astres cinématographiques trop
puissants.
Un film sensible, subtil, avec
quelques défauts assurément mais toujours sincère et dans
l’expérimentation appréciable du bucolique états-uniens.
Du petit rade de campagne à
l’église protestante et de leur concurrence assumée. Du rapport
de descendants d’esclaves aux blancs toujours hantés par
l’histoire et l’évocation d’une Afrique fantasmée et
folklorique. D’une femme opprimée qui trouve le courage de prendre
la poudre d’escampette et de se réinventer.
Samuel d’Halescourt
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