De la bonne utilisation du nitrate
d’argent
Première impression, ce
n’est pas aussi lamentable que ça le laissait présager. Il y a du
récupérable, du digne d’être sauvegardé, du mémorisable. En
faible quantité certes mais quelques éléments surnagent après
décantation.
Tout d’abord l’héroïne,
Selene, principale attrait du film, impressionnante, froide et
atrabilaire dans les scènes courantes et hautement crédible dans
des scènes d’action mêlant fuites et fantasques fusillades.
L’image nimbée d’une
lumière artificielle, un filtre bleuté qui envahit nos rétines,
embellit les plans et flatte nos impressions, faisant échapper le
film de peu à la perfide et suprême insulte de téléfilm.
Le problème majeur
d’Underworld est que ça sent partout le plastique alors que ça
devrait sentir le métal. Un métal des plus coriaces, des plus
abrasifs.
Les lycanthropes
ressemblent plus à des rats-garous géants et luisants, voire à des
hyènes garous, qu’à de bons vieux loups-garous, imposants et
racés, comme on les a toujours définis dans la culture populaire.
Que les plans sur les lycans soient la plupart du temps furtifs
n’est, à mon humble avis, pas un parti pris de réalisation mais
plutôt une nécessité au vu de leur grossière fabrication, le but
étant d’échapper au ridicule.
Pour conclure, une
ébauche, la simple esquisse de ce qu’aurait pu être un grand film
sur une guerre vampires contre loups-garous au sein d’un univers
ouvertement gothique-punk, alors que nous espérions qu’il serait
la concrétisation cinématographique du « monde des ténèbres »
exploré pendant nos jeunes années de rôlistes.
Le combat final dans une
marre souterraine est assez affligeant et le vampire-garou qui en
sort victorieux, combinant les deux ADN, les deux sangs, proche du
pathétique, le film signant là la vraie nature du projet.
Samuel d’Halescourt