mercredi 24 janvier 2018

Underworld : Nouvelle Ère de Mans Marlind et Björn Stein (2012) 13/20

Du gothique à la techno-froideur.


La saga change radicalement d'ambiance et donc de genre, passant d'un étalonnage à un autre, d'une chaleureuse lumière bleutée et d'une puissance gothique à un technologisme froid et clinique, à l'opalescence d'un détergent.

C'est bien une nouvelle ère qui s'amorce puisque l'on en change tous les codes esthétiques, ceux qui avaient fait le charme des trois premiers volumes. On bascule dans de la SF où ce sont les scientifiques qui créent les monstres et non plus les aléas d'une nature avide de créer du mythe.

Finalement, l'attraction majeure du film reste ce lycan géant, à la force herculéenne, qui s'impose comme l'adversaire numéro un de nos héros. Un monstre de compétition qui nous fait dire que l'on n'a pas visionné le film pour rien, il restera ça, ce skaven géant, destructeur entre autre d'automobiles.

C'est une course poursuite, en ce sens semblable au deuxième volet, uniquement perturbée par les investigations d'un petit inspecteur digne d'un giallo peu inspiré.

Pour conclure, ça demeure un bon divertissement, où l'éternelle guerre entre vampires et loup-garous est mise au rancart pour laisser seule, accompagnée d'une fille hybride surpuissante, une Sélène aux prises avec lycans et scientifiques aux motivations troubles.

Mais on ne peut s’empêcher de regretter et d'être nostalgique de l'atmosphère des premiers, à la fois ratés et pourtant agréables, ce doux paradoxe des séries B de qualité.

Une nouvelle ère et un nouveau style s'annonce donc, où la surenchère est l'impératif, faute de sombrer dans l'ennui, de débrancher le bras de notre addiction. Le cinquième répondra, et j'en suis sûr, à la règle et j'ai hâte de découvrir son lot de nouveautés, encore jamais vues jusqu'ici, proposées.




Samuel d'Halescourt

mardi 2 janvier 2018

Marlène – Philippe Djian (2017)                                           note :  12/20


Du quotidien extraordinaire

Djian, encore une fois, et plus que d'habitude, nous conte la sempiternelle histoire du quotidien confronté au tragique, celui qui s'immisce dans la banalité comme son coup de fusil final.

Les personnages sont plutôt bien construits quoique quelque peu éthérés, manquant de consistance, toujours plus ou moins fantomatiques comme dans tous les derniers livres de Djian.

Une autre variation infernale où des dieux implacables huilent en maître de la perfection et du destin leurs rouages contre lesquels on ne peut rien, pas même les vétérans de l'Afghanistan.

Il faut y souligner l'importance mystérieuse du bowling comme une chambre secrète où s'enregistrent les confidences et se noue l'intrigue.

De Djian, je ne sais plus quoi penser ! Accumule-t-il le énième livre sans réelle importance ou produit-t-il une brique essentielle d'une œuvre cohérente et majeure que l'on ne saura identifier que bien des années après son trépas.

Toujours est-il que le dernier Djian se lit actuellement comme on avalerait un mets que l'on sait désiré mais dont la saveur nous paraîtrait bien fade, le goût simplement réhaussé par la nostalgie du temps où l'on aimait vraiment ça.

Pour conclure, un livre médian, qui à l'image des dernières parutions reste bloqué sur l'esprit de « Doggy bag » et ressemble à ce que pourrait être une série télé orchestrée par un David Lynch français, Philippe Djian en l'occurrence.

Ça se lit aisément mais la substance, la chair, le contenu véritable qui marquent la mémoire du lecteur au fer rouge sont bien minces voire inexistants.

C'est finalement assez beau mais sans corps. Le style bien sûr mais où est le discours ? Nous sommes face à un rempart qui ne protège qu'un désert.




Samuel d'Halescourt