Roman de gare de Claude Lelouch
Manipulation et Usurpation
Ce qui fut sera, ce qui s’est
fait se refera et il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! Du
Lelouch pur jus malgré quelques nouveautés. On retrouve ses deux
marottes : émission de radio omniprésente et plans de route
(caméra posée à l’avant d’une voiture roulant).
Le casting est prestigieux, enfin
dans une dimension franco-française : Fanny Ardant, Audrey
Dana, Dominique Pinon, Zinedine Soualem et Michèle Bernier. Cherchez
l’erreur ! Je n’ai rien de spécial contre Michèle Bernier
mais sa présence est clairement une faute, les scènes où elle
apparaît nous font plonger dans un vulgaire téléfilm.
Pinon est excellent dans
l’ambiguïté, entre nègre frustré de Fanny Ardant et tueur
compulsif potentiel.
Les images sont de belles
factures, léchées, classiques mais caractéristiques. Lelouch a su
imposer une ambiance par le cadre, l’image, le choix des décors.
Le passage dans la ferme, chez Myriam Boyer, contient toute l’essence
du film, la pierre angulaire, un court-métrage dans le long-métrage.
Le scénario est malin, soufflant
le chaud et le froid, en perpétuelle tension, au cœur d’un
suspense haletant. A noter la performance de Serge Moati dans son
propre rôle, animateur télé dépassé par certains membres de son
public.
Un Lelouch qui signe un renouveau,
le début du dernier cycle de sa carrière.
La scène finale, Fanny Ardant se
jetant du haut d’une série d’escaliers, constitue la morale du
film. L’imposture, l’usurpation ne paient pas et vont même
jusqu’à rendre fou au point de se jeter dans le vide.
Pour conclure, Lelouch réveille
l’auteur qui est en lui. Pas un film majeur, que ce soit dans
l’absolu ou dans sa filmographie, mais film agréable qui pourrait
figurer en bout de queue de son top 10.
Samuel d’Halescourt