samedi 29 juillet 2017

Un festin pour les corbeaux - George R.R. Martin (2005)    Note :  12/20

Le Trône de fer - tome 12

Volume de l’inutile transition




Peut-être le tome le plus décevant de la saga. Ca reste néanmoins correct mais il ne s’y passe rien de réellement important et on est noyé dans des chapitres consacrés à des personnages secondaires qui nous embrouillent et nous perdent plutôt que de nous éclairer sur le bon déroulement du récit.

Ne subsiste que cette langue mélodique, mélange de trivialité, de descriptions du commun et de rebondissements, de palpitantes surprises. C’est un chaud et froid permanent, mais quoi de plus naturel pour un Martin qui ambitionne de chanter la glace et le feu.

La saga reste hypnotique et la conclusion de ce quatrième cycle un soulagement et un contentement d’avoir inoculé à sa mémoire, transmutée en inconscient, cette ambiance sombre et médiévale qui fait tout le sel de ces douze premiers tomes.

On aurait presque l’impression d’avoir lu les rouleaux d’un texte sacré, d’une épopée antédiluvienne, vieille conservation scripturaire d’un passé mythifié.

Pour conclure, le « Dallas » de la fantasy poursuit sa course effrénée pour notre plus grand bonheur malgré quelques obscurités narratives et quelques personnages dont on ne sait que faire. Mais notre esprit perdu dans les méandres de cette forteresse littéraire saura en tirer de la joie et se repaître paradoxalement du charme de cet incompréhensible labyrinthe.

Bien au-delà de la défaillance du volume, quel plaisir de retrouver Brienne, Cersei, Arya (Cat des canaux) et Samwell dans les vicissitudes d’un destin fabriqué par la machine du dieu Martin.




Samuel d’Halescourt

lundi 24 juillet 2017

Contre-attaque – Philippe Sollers et Franck Nouchi (2016) 16/20

De la culture en lingots


La plus jubilatoire des gérontophilies est celle qui se veut littéraire. Je ne connais rien de plus passionnant que les vieux écrivains qui se penchent sur leur œuvre et leur parcours, qui affichent une vision personnelle du monde, acquise de haute lutte face aux années, témoin de leur maturation.


Je n’ai rien lu d’autre à ce jour de Philippe Sollers, mais cet entretien avec Franck Nouchi nous donne un aperçu du continent ignoré que représente son œuvre, d’autant plus que Sollers, plutôt avare en modestie, aime à se citer lui-même et à se prendre comme référence.

A la fois traditionnel et éparpilleur de dogmes, il oscille entre le respect des fondements de son éducation et la pensée la plus libre qui soit. Partout et nulle part, il s’authentifie comme un pur spécimen d’anarchiste de droite, à l’âme transparente et contradictoire.

Composé en pleine période d’attentats, ils devisent de l’islam et du Coran jusqu’à rappeler avec gourmandise que Rimbaud qualifiait celui-ci de « sagesse bâtarde » et qu’aujourd’hui de tels propos vaudraient excommunication médiatique.

Pour conclure, le testament d’un homme de culture qui lui a consacré sa vie, qui en a fait le serment d’apprentissage, d’accumulation et de restauration.

Un livre sur quelques passions françaises, du Maoïsme au catholicisme ; c’est un plaisir de discuter (si les livres sont des discussions) avec un écrivain aussi iconoclaste et insaisissable.







Samuel d’Halescourt