mercredi 25 mars 2015

La grande évasion de John Sturges (1963) Note : 14/20

La grande évasion de John Sturges (1963)

Claustrophobe s’abstenir


Sturges, trois ans après « les sept mercenaires » reprend une partie de son casting, Steve Mcqueen, James Coburn et Charles Branson, trois acteurs magnifiques ceci dit au passage, et y ajoute Richard Attenborough qui deviendra par la suite un réalisateur non négligeable, et nous pond un film qui s’inscrit désormais comme un classique.

Une bande de prisonniers tous spécialistes de l’évasion, certains dossiers faisant état de dix sept tentatives, se retrouve enfermée dans un camp dévolu à leur spécialité, gardé par des nazis plutôt dociles et compréhensifs, ne réprimant les tentatives d’évasion de Steve Mcqueen que par quelques jours au « frigo », le mitard local.

Un film, certes, sur l’évasion mais aussi sur la camaraderie, l’entraide de plusieurs nationalités différentes, unies dans un projet commun, celui de fuir.

Le film se découpe en trois parties d’une heure chacune. D’abord la mise en place et la présentation des personnages, puis le creusement du tunnel, repéré une fois et repris, et enfin l’escapade d’une dizaine de captifs, certains s’en sortant, d’autres y laissant leur vie.

McQueen lui, après quelques cascades à moto, se fait arrêter de nouveau et termine le film au « frigo » accompagné de son gant de base-ball et de sa balle qu’il fait rebondir contre le mur de façon répétitive.

Pour conclure, dire que c’est un grand film serait exagéré même si c’est indubitablement un film à voir. La prestation de Charles Bronson est la plus remarquable, tantôt déterminé tantôt envahi de crises de claustrophobies, notamment au moment décisif, mais quoi de plus compréhensible quand des éboulis de terre vous tombent sur le corps dans un conduit confiné.

Toujours intéressant de traiter des affres de la seconde guerre mondiale sous un angle particulier, non-manichéen, juste une bande de prisonniers qui cherchent par tous les moyens à se sauver.

A la première vision, le film paraît long et ennuyeux mais lors d’un deuxième visionnage, des détails non perçus vous apparaissent, les dialogues semblent plus percutants et le creusage devient plus passionnant.





Samuel d’Halescourt

mardi 10 mars 2015

Au service de sa majesté de Raoul Walsh (1937) Note : 12/20

Au service de sa majesté de Raoul Walsh (1937)                                            Note :  12/20

De racketteur à bidasse


Tout commence à New-York dans les années trente, un gangster à la petite semaine et fort en gueule se retrouve témoin d’un meurtre dans un tripot chinois.

Il est soupçonné de l’avoir commis sur dénonciation de quelques chinois et délaissant sa petite amie chanteuse de cabaret, décide de s’enfuir avec les papiers de la victime. Celle-ci s’appelle James Dean, heureux hasard cinématographique qui voit ici évoquer la plus célèbre étoile filante du cinéma Américain qui officiera une quinzaine d’années plus tard.

Notre héros débarque donc en Angleterre où il est pris pour Dean et se retrouve engagé dans l’armée de sa majesté. Entre facéties de bidasses et roucoulades à la fille de son supérieur, elle-même convoitée par l’ami qui l’a accueilli, il retrouve par hasard sa chanteuse qu’il soupçonne, la voyant entrer dans un commissariat, de le dénoncer par jalousie. Il décide donc de déserter et de prendre le large mais se retrouve dans un canot de sauvetage sur le même bateau où se trouve son unité. Il est repéré, engeôlé puis réintégré et débarque en Chine avec le reste de la troupe. Là-bas, ils affrontent une bande de pirates organisés en armée qui prennent d’assaut une maison coloniale remplie d’Anglais . Il meurt d’une balle dans le buffet après que l’ami a conquis la fille à sa barbe.

Le film repose sur les épaules de Wallace Ford dont l’interprétation du petit caïd new-yorkais, fanfaron et gouailleur est des plus réussies.

C’est un mélange des genres mais on est clairement dans une comédie, parfois même burlesque, avec son lot de coïncidences qui irrigue l’intrigue et fait avancer le film.

Pour conclure, un petit film de Walsh mais ne le connaissant pas, je ne saurais dire s’il y en a de grands ; tout ce que je sais, c’est qu’il paraît que Walsh est incontournable dans la foulée des Ford et Hawks.

Long-métrage à la croisée de plusieurs genres, d’où son originalité ; il y a même un combat de boxe qui, de fait, pourrait le faire figurer dans les films de cette catégorie. Mais, c’est avant tout un film sur un conscrit, bidasse à ses heures, amoureux, repenti, qui tombera en héros.





Samuel d’Halescourt


mardi 3 mars 2015

Sibelius. Les cygnes et le silence – Richard Millet (2014) Note : 15/20

Sibelius. Les cygnes et le silence – Richard Millet

Qui a entendu parler du Kalevala ?


Richard Millet est difficile à suivre, il sort désormais cinq livres par an pratiquement introuvables en librairie, peut-être par son manque de rentabilité ou un boycott sous couvert de bien-pensance quasiment inhérente à la profession.

Mais j’ai tout de même pu dénicher ce Sibelius au rayon musique, posé sur une table au milieu de tous ces bouquins que l’on offre généralement à Noël.

La langue de Millet est toujours aussi sublime, raffinée, élégante, entre classicisme et les deux pieds posés lourdement dans son époque.

Le néophyte, le profane en matière de musique classique que je suis a donc découvert le Finlandais Jean Sibelius, sa vie, son œuvre, inspirée par la forêt et en grande partie par le Kalevala, recueil de récits de la mythologie finnoise établi au XIXème siècle (encore un truc nouveau à lire absolument). Et puis le silence dont Millet fait l’éloge, de tous les silences d’ailleurs.

J’ai relevé ce passage qui définit bien l’esprit de Millet dans cet ouvrage, à la fois brillant et chafouin , le tout enrobé d’un lyrisme supérieur et superbe : « l’atmosphère hivernale du premier mouvement, où les motifs ne se donnent que par fragments, comblera ceux qui, comme moi, sont persuadés que le génie du froid est plus bénéfique que l’éternel et exotique été prôné par la propagande touristique ».

Pour conclure, un essai fabuleux sur Sibelius, la musique classique en général, le silence, l’influence du grand Nord, la mythologie finnoise et la fierté du pays depuis peu indépendant.

Richard Millet est indubitablement l’une des grands plumes de la littérature française contemporaine, entre beauté et ostracisme, il fait son chemin. Et même son aversion vis-à-vis de la science-fiction m’amuse. Il considère qu’elle rabaisse l’esprit même de la littérature alors qu’en vérité les plus grands philosophes du XXème siècle se trouvent en son sein.

Je ne saurais trop vous conseiller « Le goût des femmes laides » et « Petit éloge d’un solitaire ».

Et un peu de Sibelius avec la Valse triste.


Samuel d’Halescourt