Dieu, androïdes et mondes parallèles
J’imagine la tête de ceux qui
ont assisté à ces conférences et qui s’attendaient à un auteur
de science-fiction certes génial mais banal et qui se retrouvent
face à une graine de prophète.
Ce bouquin prouve une fois de plus
que les véritables philosophes du XXème siècle sont les auteurs de
science-fiction qui, anticipant des mondes futurs, y apposent des
morales nouvelles que nos descendants auront le devoir d’appliquer.
Et à ce jeu là Dick est un roi, une sommité de la discipline :
il explose un Heidegger, terrasse un Sartre et piétine un Deleuze.
Robot, androïde, réplicant
ou cyborg, peu importe la terminologie même si chacun répond à
une définition bien précise, Dick en livre une réflexion à l’aune
de l’humanité. Ces simulacres inquiètent Dick et il en donne les
raisons profondes !
Dieu, qu’il appelle le
Programmateur-Reprogrammateur, est influence et référence constante
dans son discours. L’image du poisson, symbole des premiers
chrétiens persécutés par l’empire Romain, est la clef de voûte
qui le maintient dans la paranoïa tout en l’en délivrant.
S’excitant sur Nixon qui est
pour lui le diable, l’incarnation du mal, une émanation de
l’antéchrist qui subit une punition divine par le truchement du
Watergate.
Pour conclure, un livre essentiel
pour la compréhension globale de l’œuvre de Philip K. Dick,
souvent barrée et excessive, mais frappée du sceau de la sincérité.
Sa définition du réel est
merveilleuse et implacable : « la réalité c’est ce
qui, quand on cesse d’y croire, ne s’en va pas ». Et puis
sa blague du patient qui dit à son psychiatre, docteur j’ai
l’impression que quelqu’un met un produit dans mes aliments pour
me rendre paranoïaque.
Le serpent qui se mord la queue,
tout Dick y est résumé.
Samuel d’Halescourt
Sur la force des auteurs de SF comme philosophes, en version développée :
RépondreSupprimer« Littérature à potentiel heuristique pour temps incertains », Methodos [En ligne], 15 | 2015. URL : https://journals.openedition.org/methodos/4178