lundi 27 juillet 2015

Le maître – Patrick Rambaud (2015) Note : 12/20

Le maître – Patrick Rambaud (2015)


Tchouang et la gastronomie chinoise




C’est l’histoire de Tchouang-tseu, philosophe de l’antiquité chinoise (période des Royaumes combattants), de l’enfance au dernier souffle, ballotté d’un endroit à un autre puis voyageur invétéré avant de se constituer quelques disciples qu’il rejettera comme tels.

Sa philosophie repose sur le rejet d’à peu près tout, une sorte de proto-nihilisme, à part les bonnes victuailles et le vin dont il s’enivre le soir en discutant avec un confrère. D’ailleurs Rambaud est dans ce bouquin obsédé par la bouffe, c’est autant un livre de cuisine qu’une hypothétique biographie.

Il y a beaucoup de vide et de passages inutiles, des morceaux de paragraphes qui font plaisir à l’auteur mais ne font que nous plonger dans un flou douteux, une expectative molle et gluante.

Opposé viscéralement à Confucius et ses enseignements, il accepte certains boulots , en refuse d’autres, pour le compte notamment du mystérieux roi Wei.

Ce n’est évidemment pas un grand livre mais il a au moins le mérite de nous faire découvrir Tchouang et ses penchants philosophiques. Un homme étonnant, singulier, partisan du non-agir qui, je crois, est une des caractéristiques du taoïsme.

Mais aucune allusion à son œuvre, le « classique véritable de Nanhua » ou « Zhuangzi » (merci wikipédia), seulement quelques réflexions disséminées ça et là, souvent des réponses à des questions qui lui sont posées.

Pour conclure, une agréable plongée dans une Chine antique et éternelle qui voyait fleurir les penseurs et les écoles de philosophie comme autant de pré-socratiques en Grèce.

On ne retiendra pas le style mais l’ambiance, des palais au milieu d’une luxuriante nature, des mets locaux et qui nous invitent à jouir d’un des plus grands bonheurs terrestres : un ami, du bon vin et le monde à refaire.


Samuel d’Halescourt

vendredi 17 juillet 2015

Top 10 des meilleurs livres écrits entre 2015 et 2502

Top 10 des meilleurs livres écrits entre 2015 et 2502




1 – Solitude et néo-individualisme – Zazé Mobb
2 – Les arches de Ganymède – Jordan Rousseau
3 – Tokyo Androïd – Ryu Watanabé
4 – L’agonie de Shiva – Basile Aménite
5 – Le dragon de Moscou – Rose Yaki
6 – Holographique démence – Troy Licorne
7 – Structure du divin – Zazé Mobb
8 – L’ultime odyssée – Samuel d’Halescourt
9 – Magie rouge – Laura Lewis Thig
10 – La danse des gobelins - Lance H. Röder




Une liste des dix meilleurs livres encore non écrits dont la plupart des auteurs ne sont pas nés, et dont certains ne verront le jour que dans plusieurs siècles.
Vous les découvrirez dans la période des cents lustres qui nous séparent.







Samuel d’Halescourt

mardi 14 juillet 2015

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010) Note : 16/20

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010)


Le renouveau du film de cape et d’épée




Adaptation d’une nouvelle de Madame de Lafayette qui voit une jeune noble épouser, malgré elle, un aristocrate de meilleur rang au détriment d’un autre qu’elle aime sincèrement, le tout sur fond de guerre de religions.


Un Bertrand Tavernier encore et toujours au meilleur niveau, trésor national du cinéma, creuse un peu plus son sillon et peaufine sa filmographie.

Il faut rendre hommage aux costumes qui sont magnifiques, illuminent les cadres, les personnages et les scènes, subliment l’image comme un prisme qui éparpille, diffuse ses couleurs. Des costumes d’une Renaissance élégante et distinguée au milieu du conflit brutal entre catholiques et huguenots, à base de pantalon bouffant.

La relation adultérine entre Mélanie Thierry et Gaspard Ulliel est d’une rare et grande intensité, concentrée autour d’un fil ténu de sincérité, un grésillement de pur sentiment, à croire que ces deux là ont vécu une véritable histoire pendant le tournage.

Lambert Wilson, le comte de Chabannes, a le meilleur rôle de ce petit marivaudage, de l’entrecroisement des sentiments. Il se dégage de lui une majesté ainsi qu’une profonde bonté, une sagesse héritée du traumatisme de ses combats huguenots qui le verront enfoncer sa dague dans le ventre d’une femme enceinte pour se défendre. Professeur omniscient de la jeune princesse dont il tombera amoureux avant de trouver une mort inattendue et héroïque au détour d’une pérégrination.

Il y a des plans-séquences de toute beauté, magnifiquement chorégraphiés, à l’image du plan d’ouverture où la caméra entame un ballet avec la végétation, promesse d’un voyage somptueux au cœur de la Renaissance. Les dialogues sont à la hauteur, mélange de français soutenu, enrobé de préciosité, un langage courtois et classique qui fait le pont entre cette époque et notre contemporanéité.

Un seul bémol, les scènes de batailles, quoique très bien orchestrées, où l’action est programmée au millimètre, on sait que l’on est dans un film français par la négligence des coups portés à l’épée ou ceux-ci peuvent passer à dix centimètres de l’ennemi qui s’écroule au sol comme s’il avait été touché. Je pense qu’un producteur américain n’aurait pas laissé passer cela quitte à retourner la scène.

Pour conclure, un film fascinant, passionnant et envoûtant, réalisé par un maître qui connaît le septième art comme sa poche et en respecte la culture, le sens, les codes esthétiques et l’harmonie visuelle.
Comme un grand cru, il prendra de la valeur au fil des années.










Samuel d’Halescourt

samedi 4 juillet 2015

Paris brûle-t-il ? de René Clément (1966) Note : 15/20

Paris brûle-t-il ? de René Clément (1966)

Portrait idyllique, héroïque de la résistance


Bon film dont le noir et blanc souligne un peu plus le côté solennel et hagiographique, des combattants de l’ombre magnifiés par une œuvre à l’envergue hollywoodienne, par son traitement et son casting.

Distribution internationale, du Kirk Douglas, du Anthony Perkins et surtout l’immense Orson Wells qui est au centre de l’intrigue, jouant un consul Suédois qui s’évertue à convaincre le gouverneur nazi de Paris de ne pas détruire la ville, geste de dépit ultime entraîné par la défaite et commandé par Hitler lui-même. Vous n’allez pas détruire des siècles d’histoire lui dit-il en parlant notamment de Notre-Dame. Et puis voir Belmondo et Delon dans le même cadre est toujours un ravissement, une sorte d’entéléchie cinématographique, la réification d’un duo légendaire.

Un classique qui ne brille pas par sa valeur intrinsèque mais par son sujet, son casting exceptionnel et sa valeur historique ; des images d’archives entrecoupent d’ailleurs les scènes de batailles, d’escarmouches, de guérillas urbaines à l’intérieur de Paris, jusqu’à celles à la fin du grand Charles déambulant en glorieux libérateur sous le doux tintement des cloches de Notre-Dame.
Les deux dernières minutes sont en couleur , symbole d’un Paris libéré et de la joie retrouvée.

Pour conclure, un film de guerre, indubitablement, mais subtil, aux accents parfois épiques, un voyage au cœur de la résistance, de ces jeunes hommes en costume, prêts à sacrifier leur vie pour se débarrasser de l’occupant.

« Paris brûle-t-il ? », eh bien non, grâce à Dieu qui prend ici la forme d’un consul ventripotent, débonnaire dans la manière et d’un officier nazi qui se transforme en sauveur d’une partie du patrimoine français.





Samuel d’Halescourt