Néo-psychose ou quand la hache
remplace le couteau.
Ce premier film officiel
de Coppola tient quelques promesses et en oblitère d'autres. Tourné
en parallèle d'une production plus importante, il pâtit d'un manque
de tout mais pas de la maestria précoce d'un des futurs grands du
nouvel Hollywood.
Tourné trois ans après
le célèbre « Psychose » d'Hitchcock, pierre fondatrice
du slasher, il en reprend les codes, le suspens, la construction et
le dénouement. Leur rapprochement temporel nous empêche de parler
d'hommage de la part de Coppola mais plutôt d'exploitation d'un
genre qui avait largement séduit le public et qui pourrait garantir
un certain succès.
Et puis il y a les
éléments que je qualifierais de lovecraftien, au centre desquels se
tient le principal : le manoir familial et son cortège de morts
illustres. L'étang lugubre,
témoin d'un premier meurtre à la hache en constitue le second.
Quant au personnage le
plus important, il s'agit sans nul doute du docteur Caleb, médecin
de famille, interprété par Patrick Magee. Au premier abord
antipathique lorsqu'il s'adresse autoritairement à une domestique,
il le devient de moins en moins, au centre de tout lorsqu'il commence
à mener l'enquête comme un bon Hercule Poirot, le meurtrier est
parmi nous mais qui est-ce exactement ?
Pour conclure, le manque
de budget et les conditions de tournage rendent le film médiocre
mais il est sauvé par sa substance, intrinsèquement captivante.
Comme dans « Psychose »,
on joue sur un traumatisme émotionnel originel qui confine le tueur
à des délires macabres qui le dépassent. Sur quoi un investigateur
apparaît et démasque le psychopathe comme dans une bonne partie de
cluedo.
On pourrait donc définir
ce film comme « le petit « Psychose » lovecraftien
perfusé à l'Agatha Christie ».
Difficile de comprendre
immédiatement que Coppola deviendrait une pointure après ce premier
film mais il s'y trouvait malgré tout quelques indices pertinents.
Samuel d'Halescourt