Autopsie superficielle des sentiments
J’ai un bureau, c’est la table
de ma cuisine, est-ce que je mérite le peloton d’exécution ?
Quant au mot blême, il ne me dérange pas à ce titre qu’il
apparaît dans ce qui est sûrement le plus beau poème de Verlaine
« Mon rêve familier ».
J’ai dû procéder à une
deuxième lecture de l’ouvrage tellement il ne m’en était rien
resté. Est-ce ma mémoire qui défaille, qui sélectionne ou est-ce
ici la preuve de la grande vacuité littéraire de Moix ?
Moix aime jouer avec les mots, en
construire des associations insolites dont certaines claquent et
d’autres sont d’une laideur épouvantable, comme si enfermé dans
un monde clos, différent du nôtre, il écrit ce qui chez lui sonne
juste et dissone chez les formatés de la belle langue. Son autisme
prosodique ne parle qu’à lui-même et je ne suis pas à l’abri
d’être atteint d’un mal similaire.
Une lettre d’amour, entre
rancœur et analyse, constat d’échec, d’incompatibilité,
déballage d’un ressentiment irréconciliable.
Enfin une lettre, plutôt un long
poème, une longue litanie en prose, du moins pour la première
partie du bouquin, la seconde étant plus douce à l’intellect, des
réflexions qui font parfois mouche sur l’universel masculin.
Pour conclure, un livre inutile,
du vent sur papier, de l’ampoulé moderne, Moix dans ses pires
inclinations.
Il joue à l’original, au
créateur de nouvelles formes, au déstructurant et ça tombe
lamentablement au fond d’un abîme littéraire, même si je salue
la volonté et l’ambition de proposer et produire.
Une minuscule brique dans le mur
d’un édifice dont le temps jugera de la valeur.
Samuel d’Halescourt
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