Constellation – Adrien Bosc Note : 16/20
Un drame aux Açores
Voilà un livre particulier,
j’irai jusqu’à dire une idiosyncrasie littéraire. Un
récit-enquête sur un événement phare de l’après guerre,
l’écrasement sur le flanc d’une montagne, le mont Redondo, sur
l’île de Sao Miguel, aux Açores, de l’avion transportant Marcel
Cerdan, le Lockheed Constellation F-BAZN.
Le style y est clinique,
descriptif, pas froid mais sans lyrisme excessif. Juste et très bien
ficelée, la narration est limpide, on avance chapitre après
chapitre, dans les méandres de l’investigation post-crash et
l’évocation des passagers de l’avion qu’ils furent célèbres
ou anonymes.
Adrien Bosc remet au goût du jour un mot sublime comme prosopopée
et le livre est en effet une immense prosopopée (l’art de faire
parler les morts) qui met en scène les défunts dans leur vie
quotidienne. Que ce soit Marcel Cerdan, Ginette Neuveu, cinq bergers
basques ou Kay Kamen, personnage fascinant, pionnier du marchandising
en contrat avec Disney, créateur de la fameuse montre Mickey, les
dix pages qui lui sont consacrées sont savoureuses.
Les enquêteurs n’ont trouvé
aucune explication au crash de l’avion, Adrien Bosc nous faisant
suivre les avancées de l’enquête, les mois passant.
Les citations mises en exergue au
début de chaque chapitre sont bien trouvées, je cite de mémoire
celle de Voltaire qui m’a parlé : « les
grammairiens sont aux écrivains ce que le luthier est aux
musiciens ».
On ne verra donc jamais ce combat,
qui serait resté légendaire entre Marcel Cerdan et Jack La Motta,
le fameux Raging Bull de Scorsese, à cause entre autre d’une Edith
Piaf tellement impatiente de revoir son bombardier marocain qu’elle
le convainquit de prendre l’avion plutôt que le bateau.
Pour conclure, nous sommes là
face à un très bon livre, didactique, intelligent, agréable aussi
bien sur le fond que sur la forme.
Adrien Bosc est un jeune auteur à
suivre à l’instar d’un Joël Dicker, ajoutant au plaisir de la
lecture la découverte de l’écrivain et l’embryon d’une œuvre
que l’on prendra plaisir à suivre au fur et à mesure qu’elle
s’étoffera au long des années.
Samuel d’Halescourt
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