jeudi 4 décembre 2014

Constellation – Adrien Bosc (2014) Note : 16/20

Constellation – Adrien Bosc                                                                                                  Note : 16/20


Un drame aux Açores


Voilà un livre particulier, j’irai jusqu’à dire une idiosyncrasie littéraire. Un récit-enquête sur un événement phare de l’après guerre, l’écrasement sur le flanc d’une montagne, le mont Redondo, sur l’île de Sao Miguel, aux Açores, de l’avion transportant Marcel Cerdan, le Lockheed Constellation F-BAZN.

Le style y est clinique, descriptif, pas froid mais sans lyrisme excessif. Juste et très bien ficelée, la narration est limpide, on avance chapitre après chapitre, dans les méandres de l’investigation post-crash et l’évocation des passagers de l’avion qu’ils furent célèbres ou anonymes.

Adrien Bosc remet au goût du jour un mot sublime comme prosopopée et le livre est en effet une immense prosopopée (l’art de faire parler les morts) qui met en scène les défunts dans leur vie quotidienne. Que ce soit Marcel Cerdan, Ginette Neuveu, cinq bergers basques ou Kay Kamen, personnage fascinant, pionnier du marchandising en contrat avec Disney, créateur de la fameuse montre Mickey, les dix pages qui lui sont consacrées sont savoureuses.

Les enquêteurs n’ont trouvé aucune explication au crash de l’avion, Adrien Bosc nous faisant suivre les avancées de l’enquête, les mois passant.

Les citations mises en exergue au début de chaque chapitre sont bien trouvées, je cite de mémoire celle de Voltaire qui m’a parlé : « les grammairiens sont aux écrivains ce que le luthier est aux musiciens ».

On ne verra donc jamais ce combat, qui serait resté légendaire entre Marcel Cerdan et Jack La Motta, le fameux Raging Bull de Scorsese, à cause entre autre d’une Edith Piaf tellement impatiente de revoir son bombardier marocain qu’elle le convainquit de prendre l’avion plutôt que le bateau.

Pour conclure, nous sommes là face à un très bon livre, didactique, intelligent, agréable aussi bien sur le fond que sur la forme.

Adrien Bosc est un jeune auteur à suivre à l’instar d’un Joël Dicker, ajoutant au plaisir de la lecture la découverte de l’écrivain et l’embryon d’une œuvre que l’on prendra plaisir à suivre au fur et à mesure qu’elle s’étoffera au long des années.




Samuel d’Halescourt

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