samedi 24 janvier 2015

Super 8 de J.J. Abrams (2011) Note : 14/20

Super 8 de J.J. Abrams

E.T. sous stéroïdes


Bon film ! Mélange réussi de plusieurs expressions, bien traité. Le film pour ados avec aventure, péripéties et un peu de romance façon goonies, le film catastrophe avec le spectaculaire déraillement du train, .un peu de complot à la X-files, mettez tout ça dans un shaker, agitez et vous obtiendrez Super 8.

La mise en abîme est toujours agréable, filmer une bande de jeunes qui tournent un film de zombie.
La fin des années 70 est très bien rendue, décors, costumes, accessoires ou véhicules.

La présence du petit cube blanc donne un aspect mystérieux et énigmatique digne d’un film de David Lynch.

Dans ce genre de film se pose une question fondamentale, la crédibilité du monstre, ici l’extraterrestre ?
Il est plutôt bien fait, on croit le deviner au début arachnoïde avec de multiples pattes puis se dessine un colosse quasi-humanoïde avant que l’on ne découvre sa gueule qui, malgré sa laideur et sa monstruosité, est capable de laisser filtrer quelques sentiments.

La narration reste classique, ce qui est un peu dommage, les enlèvements de la deuxième partie jusqu’à leurs libérations confinent même à un certain ennui, tout relatif.

Les acteurs sont bien trouvés, surtout les adolescents, suffisamment hétéroclites pour que ce soit intéressant.

Pour conclure, film de science-fiction dans sa veine extraterrestre réussi, digne d’un Spielberg dans la forme. D’une jeunesse qui se veut cinéphile et ne pense qu’à tourner un film en super 8. D’une réflexion à ne pas occulter sur ce que nous cache le gouvernement Américain et le fameux complexe militaro-industriel. Du charme des années soixante-dix au fin fond d’une banlieue américaine. D’un J.J. Abrams qui monte en puissance de film en film, vivement le Star Wars.



Samuel d’Halescourt


samedi 17 janvier 2015

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier – Patrick Modiano (2014) Note : 6/20

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier – Patrick Modiano  Note :  6/20

C’est ça le prix Nobel !


J’avoue ma grande inculture, je n’avais jamais lu de Modiano et sans le prix Nobel dégringolant, je n’aurais certainement pas lu celui-ci, le dernier en date.

Quelle ne fut ma déception, je m’attendais à un style ébouriffant, éblouissant, bien au dessus de la mêlée et je n’ai trouvé qu’un style plat, une voix minuscule, rien de subjuguant.

Bien heureusement on peut être classique sans être ennuyeux, quand l’agencement des mots relève du sublime, ce qui n’est pas le cas de Modiano dans ce livre.

Si ce bouquin était un premier roman, je pense qu’aucune maison d’édition ne l’aurait pris puis édité ; c’est si banal, caricature d’un mauvais roman français ; évocation de vagues souvenirs, la nostalgie ne touche pas. La petite mélancolie de la remémoration qui devrait nous étreindre passe à côté.

Cela ressemblerait à une chanson brouillonne et ratée de Vincent Delerm, mal inspiré, chiant il faut le dire. Et pourtant le roman commence bien, les quarante premières pages sont plutôt agréables voire même haletantes (toute proportion gardée) avec cette histoire de carnet retrouvé. On se demande très vite où Modiano veut en venir et malheureusement cela ne débouche sur rien ou si peu de chose.

Pour conclure, ne pas s’arrêter à cet ouvrage qui sonne comme un rebutoir à la quête Modianesque. Si c’est ça Modiano, « je m’arrête là » pourrait passer pour un manque de persévérance substantiel. Mais je m’acharne, j’en ai acheté une dizaine en poche dont les quatre premiers, où j’espère appréhender la véritable essence de Modiano et dont la lecture me convaincra peut-être du bien fondé de l’attribution de son prix Nobel. Car pour l’instant un Richard Millet, malgré son odeur de souffre récente, le mérite cent fois plus.




Samuel d’Halescourt



Même si j’ai l’impression d’être un mouton en le disant, je le proclame quand même : je suis Charlie.

mercredi 7 janvier 2015

Europa : la dernière chance de l’Europe – Valéry Giscard d’Estaing (2014) Note : 11/20

 
Europa : la dernière chance de l’Europe – Valéry Giscard d’Estaing


Critique en règle de l’union européenne




Ouvrage intéressant, aussi bien pour les pro-européens que pour les anti-européens, carabiné ou non comme je le suis.


Le livre est scindé en deux parties, la première raconte ce que Giscard a fait pour l’édification de l’union européenne, l’assassin signe son crime avec l’aide de son sombre complice Helmut Schmidt qui préface le livre. La deuxième partie expose le projet Europa comme un aveu d’échec sur les institutions existantes.


Giscard, au détour d’une phrase, nous rappelle l’éternelle antienne des européens convaincus : « l’Europe garantit la paix ». Fadaise, ce qui garantit la paix c’est la bombe atomique ; chacun sachant que s’il avait l’outrecuidance de nous attaquer, il prendrait instantanément une ogive nucléaire dans sa castagnette figure.


L’Europe est certes une belle idée, mais quelle naïveté de penser que l’on peut coaliser en une même entité trente pays qui parlent trente langues différentes. On le sait, toutes les solidarités identitaires se font par le langage.


Nous considérons les Québécois comme nos frères par ce qu’ils parlent français et défendent même notre langue commune avec véhémence. Si Wallons et Flamands sont en délicatesse, si les Catalans veulent leur indépendance, je réponds langage et rien d’autre. Si les Ecossais ne parlaient pas anglais, ils auraient dit oui à l’indépendance. Tout est langage, c’est d’abord par la langue, la compréhension mutuelle que nous fraternisons. D’où l’échec annoncé, l’aporie fondamentale de l’union, on ne peut fraterniser avec celui dont on entrave rien à l’idiome.


Autre serpent de mer des euro-béats, le fantasme de la grande puissance que seule l’échelle européenne pourrait assouvir. Qu’est-ce qu’on en a à foutre, nous, petits français de base, d’être embarqués dans le wagon du train de cette grande puissance, qui se mêlerait de tout et ne résoudrait rien.


Dernier point, pourquoi tous ces pays ont-ils à cœur malgré tout de se liguer contre le reste du monde ? C’est une vérité que l’on ne dit jamais mais pourquoi l’union européenne . Parce que, bien sûr, nous sommes proches géographiquement mais aussi parce que nous sommes tous, peu ou prou, blancs et chrétiens. C’est en fait une question identitaire. Les pro-européens sont des identitaires européens, les mêmes qui interdisent ou diabolisent toute velléité du discours identitaire dans un cadre franco-français, se vautrent dedans lorsqu’il s’agit de l’Europe.


Pour conclure, vous me pardonnerez de ne pas avoir parlé du livre mais il n’y a en définitive rien à en dire, si ce n’est le projet proposé par Giscard, Europa, qui serait constitué d’une dizaine de pays qui convergeraient d’un point de vue fiscal et économique. Finalement, le la science-fiction politique, de l’anticipation utopique.


A lire surtout pour la première partie, qui résume bien la construction du monstre, d’une époque déjà oubliée.










Samuel d’Halescourt

jeudi 1 janvier 2015

The Lady de Luc Besson (2011) Note : 12/20

The Lady de Luc Besson

Love story d’une égérie


Film étonnant de la part de Luc Besson, qui nous avait habitués à autre chose, certainement pas à un film ou rien ne dépasse, sans outrance et finalement sans générosité.

Même si on retrouve au début un classique de Besson, gros plan-travelling arrière, le reste est déconnecté de la patte habituelle du maître français.

Michelle Yeoh est impeccable dans son interprétation d’Aung San Suu Kyi, sobre, digne, réservée, peut-être trop lisse diront certains.

Le rôle est lumineux et pourtant le tout manque de souffle épique car ce n’est pas un film sur une épopée politique brimée et réprimandée mais sur une histoire d’amour entre une birmane et un anglais et leurs deux enfants.

On vit avec la Lady, l’ennui, l’attente dans sa cage légèrement dorée avec seul lien sur le monde une vieille radio.

On suit le bras de fer entre la junte birmane et Aung San Suu Kyi, la première voulant faire taire la deuxième mais sans utiliser de méthodes définitives dues à la pression internationale et à son aura léguée par son père, ancien général aimé du peuple dont on voit l’assassinat au début du film.

David Thewlis livre également une belle performance, tout en retenue et en flegme, majestueux à la remise du prix Nobel de la paix.

Le film n’est pas manichéen, les soldats, gardant Aung San Suu Kyi, ne sont pas des tortionnaires. Ils obéissent aux ordres avec zèle et autorité certes mais ne sont pas inhumains. Tout comme les dirigeants de la junte sont plus dépassés par les évènements que véritablement totalitaires. Ils veulent conserver leur pouvoir par des moyens coercitifs mais pas par tous les moyens.

Pour conclure, un Besson à part qui a revu ses codes artistiques pour mettre sa réalisation au service de l’histoire qui n’aurait pas admis sa folie visuelle habituelle.

Le tout manque cruellement de souffle ; l’expérience des péripéties absurdes et rocambolesques de la Lady ne nous plonge pas dans une transe empathique, une exaltation devant les moments les plus forts de la vie d’Aung San Suu Kyi.




Samuel d’Halescourt