samedi 2 décembre 2017

Sixième antienne du Kindred

Du mythe et de sa véracité


Lovecraft l’avait subodoré. De sordides entités végètent, tapies dans l'ombre de cratères poussiéreux, prêtes à bondir et imposer leur culte.

Disséminées à la surface, dans le sous-sol et les profondeurs océaniques de toutes les planètes et satellites du système solaire, les plus dangereux des grands anciens, dormant du sommeil du juste, aux confins du nuage d'Oort sur des astres que l'on qualifie de nains.

Tentacules, trompes, cornes et peaux luisantes les caractérisent. Hantise des explorateurs et des aventuriers, elles surgissent au nom d'ordres ancestraux.

La légende dit qu'Howard Philipps avait mis la main, dans la bibliothèque de son père franc-maçon (initié de quelques hypothétiques arcanes), sur des livres affirmant leur présence au monde.

Quoi qu'il en fût, les choses s'avèrent bien réelles, rôdant dans de longs espaces vides et venues d'endroits si lointains et exotiques qu'ils confineraient à des dimensions parallèles.

Toujours la légende. Car il était aussi probable qu'elles furent conçues en laboratoire par des savants fous initiés à cet occultisme que l'on nomme le mythe de Cthulhu.

Cthulhu s'en repaît, aperçu sur Mars, Ganymède ou Sedna, les témoignages abondent sur l’incarnation charnelle du géant aux tentacules faciales. Le mythe fascine et la base de données est là, entretenue par une tripotée d'écrivains visionnaires.

Sa deuxième intuition qu'un livre peut rendre fou est là aussi confirmée par le tangible. De vieux grimoires quasiment anonymes attendent leurs lecteurs avec délectation, prêts à répandre leurs mots empoisonnés, du génie de la vérité, dans leurs cerveaux innocents et fragiles.

Aucun calibre, aucune arme ne vous sera efficace contre eux. Seuls leurs sbires prêteront le flanc à votre défouraille. Les princes immondes, eux, vous ratatineront.




Samuel d’Halescourt