Sixième antienne du
Kindred
Du mythe et de sa véracité
Lovecraft l’avait
subodoré. De sordides entités végètent, tapies dans l'ombre de
cratères poussiéreux, prêtes à bondir et imposer leur culte.
Disséminées à la
surface, dans le sous-sol et les profondeurs océaniques de toutes
les planètes et satellites du système solaire, les plus dangereux
des grands anciens, dormant du sommeil du juste, aux confins du nuage
d'Oort sur des astres que l'on qualifie de nains.
Tentacules, trompes,
cornes et peaux luisantes les caractérisent. Hantise des
explorateurs et des aventuriers, elles surgissent au nom d'ordres
ancestraux.
La légende dit qu'Howard
Philipps avait mis la main, dans la bibliothèque de son père
franc-maçon (initié de quelques hypothétiques arcanes), sur des
livres affirmant leur présence au monde.
Quoi qu'il en fût, les
choses s'avèrent bien réelles, rôdant dans de longs espaces vides
et venues d'endroits si lointains et exotiques qu'ils confineraient à
des dimensions parallèles.
Toujours la légende. Car
il était aussi probable qu'elles furent conçues en laboratoire par
des savants fous initiés à cet occultisme que l'on nomme le mythe
de Cthulhu.
Cthulhu s'en repaît,
aperçu sur Mars, Ganymède ou Sedna, les témoignages abondent sur
l’incarnation charnelle du géant aux tentacules faciales. Le mythe
fascine et la base de données est là, entretenue par une tripotée
d'écrivains visionnaires.
Sa deuxième intuition
qu'un livre peut rendre fou est là aussi confirmée par le tangible.
De vieux grimoires quasiment anonymes attendent leurs lecteurs avec
délectation, prêts à répandre leurs mots empoisonnés, du génie
de la vérité, dans leurs cerveaux innocents et fragiles.
Aucun calibre, aucune
arme ne vous sera efficace contre eux. Seuls leurs sbires prêteront
le flanc à votre défouraille. Les princes immondes, eux, vous
ratatineront.
Samuel d’Halescourt