Terreur – Yann Moix (2016) 14/20
L’inverse au carré
Je ne nie pas le potentiel plaisir que l’on peut
prendre à la lecture du tortueux et de l’alambiqué, mais
finalement ce qu’il en reste c’est cette question anecdotique qui
perturbe pourtant Moix : pourquoi certains terroristes ont
l’honneur d’une fiche wikipédia et d’autres non ?
Les deux chapitres véritablement intéressants et
qui auraient mérité d’être publiés en fascicule sont ceux
établissant l’historique des attentats anarchistes et l’analyse
du mouvement punk.
Le premier récapitule, évènement par événement,
les différents attentats nés des mouvances anarchistes qui ont
ensanglanté l’époque. Et bien que le parallèle sur le modus
operandi est pertinent, il l’est beaucoup moins lorsque l’on
examine sérieusement les motivations.
Quant à l’analogie avec les keupons, là c’est
carrément n’importe quoi, mais le portait psychologique qu’il
dresse du punk typique est assez juste et relèverait presque de la
poésie, tendance Lautréamont.
Pour conclure, un livre bien faible, sans constance,
uniquement sauvé par deux chapitres, pour le coup brillants, comme
une quantité de graisse colossale sur deux os bien dessinés.
On y retrouve la façon de parler et de raisonner de
Moix, proche de la tachypsychie, d’une crise réflexive. Un Moix
qui penserait tout haut pour échafauder une pensée mais oublierait
de la dégrossir pour en coucher sur le papier le pertinent substrat.
Sans aucun esprit d’esthète, il nous en sert le brouillon.
Samuel d’Halescourt