La huitième couleur – Terry
PRATCHETT (The Colour of Magic 1983)
Héroïque tourisme
Formidable livre ! Premier
tome des annales du disque-monde qui en comptent une trentaine et
quelques hors séries.
Je n’aurais pas lu Pratchett
s’il n’était pas mort récemment et si Gillus de la zone geek
n’en n’avait pas fait la nécrologique promotion. Merci à lui.
Le monde, une tortue gigantesque
sur laquelle reposent quatre éléphants, sur lesquels se trouve une
terre plate. Le disque-monde est particulièrement génial même s’il
semble avoir été créé en cinq minutes au coin d’une table. Une
fulgurance qui paraît facile. Deuxfleurs, Rincevent, Hrun le
barbare, la Mort ou le Patricien, sont autant de personnages qui
marquent le conscient, impriment la mémoire par leur dimension à
la fois sérieuse et délirante, leur puissance conceptuelle et leur
imprégnation dans un univers de pur imaginaire. Une sorte de San
Antonio de la fantaisie.
Le langage est particulier,
unique, déstabilisant au début, il s’inscrit comme envoûtant et
profondément décalé par la suite.
Entre amour et dérision pour un
sujet qui visiblement inspire et passionne Pratchett, de
l’intégration de créatures mythologiques qui donnent corps à
l’ensemble : Dryades, dragons et trolls marins.
Le personnage de la Mort, dont les
dialogues sont en majuscule, est pour le moins incongru dans
l’histoire mais j’en suis sûr trouvera toute sa justification
dans les tomes à venir.
Pour conclure, un livre
humoristique dans un genre jusque là un peu trop sérieux, une bonne
séance de jeu de rôles animée par un maître de jeu facétieux et
imaginatif, une plongée dans un Tolkien sous acide.
Une œuvre qui entérine la
supériorité des Monthy Python sur Robert E. Howard, le génie
absurde des anglais sur la tradition de la fantaisie des anciens.
Ne reste plus qu’à lire le tome
II.
Samuel d’Halescourt