dimanche 30 août 2015

La huitième couleur – Terry PRATCHETT (The Colour of Magic 1983) Note : 15/20

La huitième couleur – Terry PRATCHETT (The Colour of Magic 1983)

Héroïque tourisme


Formidable livre ! Premier tome des annales du disque-monde qui en comptent une trentaine et quelques hors séries.

Je n’aurais pas lu Pratchett s’il n’était pas mort récemment et si Gillus de la zone geek n’en n’avait pas fait la nécrologique promotion. Merci à lui.

Brillante idée que d’avoir mis en scène un touriste muni d’une boîte à images et d’un coffre magique sur pattes au milieu d’une héroïque fantaisie parodique mais concrète.

Le monde, une tortue gigantesque sur laquelle reposent quatre éléphants, sur lesquels se trouve une terre plate. Le disque-monde est particulièrement génial même s’il semble avoir été créé en cinq minutes au coin d’une table. Une fulgurance qui paraît facile. Deuxfleurs, Rincevent, Hrun le barbare, la Mort ou le Patricien, sont autant de personnages qui marquent le conscient, impriment la mémoire par leur dimension à la fois sérieuse et délirante, leur puissance conceptuelle et leur imprégnation dans un univers de pur imaginaire. Une sorte de San Antonio de la fantaisie.

Le langage est particulier, unique, déstabilisant au début, il s’inscrit comme envoûtant et profondément décalé par la suite.

Entre amour et dérision pour un sujet qui visiblement inspire et passionne Pratchett, de l’intégration de créatures mythologiques qui donnent corps à l’ensemble : Dryades, dragons et trolls marins.

Le personnage de la Mort, dont les dialogues sont en majuscule, est pour le moins incongru dans l’histoire mais j’en suis sûr trouvera toute sa justification dans les tomes à venir.

Pour conclure, un livre humoristique dans un genre jusque là un peu trop sérieux, une bonne séance de jeu de rôles animée par un maître de jeu facétieux et imaginatif, une plongée dans un Tolkien sous acide.

Une œuvre qui entérine la supériorité des Monthy Python sur Robert E. Howard, le génie absurde des anglais sur la tradition de la fantaisie des anciens.

Ne reste plus qu’à lire le tome II.



Samuel d’Halescourt

jeudi 27 août 2015

Premier message du Kindred

Entre étude, oisiveté et chaos bouillonnant


Mars et l’astroport de Vance city s’éloignent. Direction Ganymède et ses arches, le dôme Cherryh et sa ferveur techno-psychédélique. Ma cargaison, cinq mille cachets de V-X planqués au milieu d’un attirail d’une tonne de pastèques.

Devant moi, deux jours de glandouille, d’attente, le temps du trajet, accompagné de mon fidèle acolyte, Floyd et ses deux cents kilos.

Dans mon disque dur, près de dix millions de films et quasiment le double de bouquins. Littérature et cinéma, mes deux obsessions névrotiques m’occuperont pendant la traversée interplanétaire. Je passe sur Zazé Mobb, la philosophe, Prius Garfield le poète et Monroe Finland, la romancière, qui illuminent ce début de XVIème siècle par leurs écrits, pour me consacrer à l’histoire qui parfois rejoint votre actualité.

A l’affiche en ce moment, le deux centième épisode de Star Wars et le cent quarante troisième James Bond. La fin d’une trilogie consacrée à l’histoire de Jabba le Hut et 007 désormais incarné par une jeune femme aux traits asiatiques.

Le kindred est en très mauvais état ; son moteur, un Andrevon IV, une véritable relique. Si j’avais les moyens de me payer un modèle plus récent, je ferais le trajet en même pas 12 heures.
Mon flingue, un Bordage III ultra-gold, est coincé à la ceinture, protégé des regards indiscrets par ma veste de cuir noir.

Mes baskets, des Clarke, série 3001, beige et rose au liseré vert qui finissent impeccablement mon jean sans marque.

Floyd passe ses journées sur son RPG médiéval fantastique, l’intelligence artificielle lui permettant de jouer en totale autonomie. De ce que j’en sais, il interprète un dragon d’or de cent quarante neuvième niveaux, ce qui doit représenter à peu près mille heures de jeu.

J’ai presque fini l’intégralité de l’œuvre de Stefan Zweig. Je m’étais promis d’aller au bout. Toutes les trente pages, je m’autorise une petit cigarette, des Jupiter’s, mes préférées.

Je vous laisse et me plonge dans le Freud du suicidé de Pétropolis. Je vous recontacte prochainement..




Samuel d’Halescourt

jeudi 20 août 2015

Top 10 des meilleures pièces de théâtre

Top 10 des meilleures pièces de théâtre


Parmi celles que j’ai lues, un vivier que j’estimerais proche de la centaine




  1. - Cyrano de Bergerac – E. Rostand
  2. - Dom Juan – Molière
  3. - Le Diable et le Bon Dieu – JP Sartre
  4. - Hernani – V. Hugo
  5. - Ruy Blas – V. Hugo
  6. - La Samaritaine – E. Rostand
  7. - La machine infernale – J. Cocteau
  8. - Brocéliande – H. de Montherlant
  9. - Le Cid – Corneille
  10. - Le Bourgeois gentilhomme - Molière

dimanche 16 août 2015

Un million d’années avant J-C (1966) Note : 12/20

Un million d’années avant J-C (1966)

Un culte à la plastique de Raquel Welch


Film d’aventure préhistorique se repaissant de joyeux anachronismes, à moins d’admettre que l’action se déroule sur une espèce d’île du crâne, un endroit isolé où l’extinction massive des dinosaures n’a pas eu lieu. Ici il y a un million d’années, les hommes côtoyaient tout un tas de sauriens disparus, un iguane et une tortue géante. Il y a deux tribus, les bruns, de la montagne et les blonds, de la mer, plus civilisés, pacifistes et à la hiérarchie moins disputée que chez ces sauvages de bruns.

L’animation des créatures monstrueuses a été confiée au mythique Ray Harryhausen, dont ce genre d’effet était l’apanage. Bien sûr ça a vieilli et ça pourrait désormais figurer dans les écoles de cinéma pour montrer ce qu’il ne faut pas faire mais ça garde son charme ; à la pointe des effets spéciaux il y a cinquante ans, c’est aujourd’hui l’incarnation d’une désuétude sympathique, un suranné nanarifiant qui passionne malgré des défauts.

Mais le film n’a finalement qu’un seul et principal attrait, la plastique, le physique étourdissant de Raquel Welch : toutes les parties de son corps, la perfection de ses jambes, son ventre hypnotique et puis son visage sublime avec le sourire comme couronnement. Et plus généralement, j’avoue mon amour des actrices qui avaient une vingtaine d’années dans les sixties. Leur beauté, leur sensualité, leur charisme et leur sex-appeal sont indépassables. Aucune actrice d’aujourd’hui ne leur arrive à la cheville. Les Jane Fonda, les Faye Dunaway, les Françoise Fabian, les Claudia Cardinale… Quant à Raquel Welch, elle prouve avec ce film qu’elle est la chef du gang des torpilleuses, des bombes des années soixante.

Pour conclure, une œuvre tellement singulière que personne n’imaginerait même la réalisation d’un remake. Ce genre de n’importe quoi ne pouvant être circonscrit que dans une contre-culture explosive et fourmillante propre à l’époque.

Mise en image d’un monde hostile où l’on ne peut sortir, se risquer à l’extérieur du camp sans tomber sur une bestiole démesurée, une sorte de prémisse à la rencontre aléatoire du futur « donjons et dragons » (le jeu de rôle).

Un film historique qui a pu fasciner dont ne restera que l’impératif d’un culte renouvelé à Raquel !



Samuel d’Halescourt

dimanche 9 août 2015

Buffet froid de Bertrand Blier (1979) note : 13/20

Buffet froid de Bertrand Blier (1979)

Angoisse et onirisme négatif


Effectivement le buffet servi par Blier est froid et même glacé, provoquant engelure du cerveau et grelottement du myocarde.

C’est un cauchemar gelé dans un environnement futuriste et bétonné, source de la folie meurtrière du personnage de Jean Carmet, de son propre aveu.

Une sorte « d’orange mécanique » à la française, entre délire et grotesque, outrance et déréliction, invraisemblance et pittoresque.

J’avoue être assez sec devant ce film qui m’a à peine convaincu. Seule la scène d’ouverture avec Serrault me laisse un grand souvenir :
  • Qu’est-ce que vous regardez ?
  • Votre oreille !
  • Pourquoi vous êtes oto-rhino ?
  • Non !
  • Alors laissez-moi tranquille !

La confrontation entre le Depardieu chômeur et le Serrault comptable, est particulièrement géniale. Les dialogues et la mise en scène donnent un grand moment de cinéma, jusqu’à ce que Serrault se retrouve poignardé au ventre et ne manifestant aucune souffrance, continuant à gloser d’une voix blanche, ouvre l’esprit du film. Le voyage se finissant avec Carole Bouquet qui dessoude Depardieu dans une barque, mettant fin au rêve, à l’hallucination et nous réveille d’une extravagance à la morale d’un autre univers.

Normalement, pour écrire un tel scénario, il aurait fallu récupérer tout le bad trip d’une fumerie d’opium et tout le delirium tremens d’un centre pour alcoolique.

Les protagonistes gardent tout de même, malgré la froideur de leurs sentiments, une certaine hiérarchie morale. J’en veux pour preuve le sacrifice du personnage de Jean Carmet, le plus odieux, assassin de femmes sans défense, dont il se débarrasse sans le moindre remords. Puis la mise à l’eau de Bernard Blier , lui aussi avec du sang sur les mains, paye son absence de sens du degré. Quant à Depardieu, il est lui même puni, mais une question se pose, et là est l’énigme finale du film , a-t-il oui ou non tué le personnage de Serrault dans le métro ?

Pour conclure, une œuvre étonnante, iconoclaste, au dialogue Audiardisant, sombre et surréaliste. Beaucoup le considère comme un chef d’œuvre de Blier alors que pour moi c’est clairement un de ses plus faibles.

Et comme le dit Bernard Blier, les suspects sont jeunes, portant le cheveu long et le blouson noir.


Samuel d’Halescourt

samedi 1 août 2015

Bodyguard de Mick Jackson (1992) Note : 15/20

Bodyguard de Mick Jackson (1992)

« Le nombre atomique du zinc est 30 »

Film, paraît-il, typiquement féminin, au même titre que Ghost, Dirty dancing ou Grease. Victime de mes ambivalences, j’avoue à mon corps défendant, implorant la mansuétude, devant son phallus cyclopéen, du dieu de la virilité : bien que mâle, j’adore ces films. Je concède ma part d’anima, une ambiguïté d’inclination.

L’histoire, tout le monde la connaît, l’entourage d’une chanteuse et actrice menacée de mort par un détraqué, recrute le meilleur garde du corps qui soit pour organiser sa protection.

Quelques scènes cultes émaillent le long-métrage : Whitney s’accrochant aux épaules de Kévin qui la soulève au milieu de la foule ; le foulard qui vient se couper en deux sur un katana hyper tranchant après que Whitney a défié Kévin avec cette même arme ; la scène du baiser final quand elle saute de l’avion pour le rejoindre.

Et puis, tout le passage se déroulant au chalet, au milieu de la neige, est le plus pertinent, le plus convaincant, le plus accrocheur. Une entité en soi, un court-métrage parfait au milieu du long.

Le film repose sur un antagonisme. Deux personnages aux caractères opposés qui s’agrègent. Lui taciturne, elle rayonnante. Ils se rassemblent pour fusionner en l’humanoïde primitif de Platon dans le banquet.

A la première vision, je n’avais pas remarqué la profonde mélancolie qui se dégage du film. L’atmosphère est pesante, belle mais suintant un vague à l’âme où le réel est indistinct.

Pour conclure, la partie romance est excellente, vibrante, bien amenée, le crescendo des sentiments y est crédible. Quant à la partie thriller, elle est pour le moins pathétique et partiellement ratée ; on dirait parfois du mauvais Jean-Claude Van Damme pire du Steven Seagal (tout court) !
Le film inaugure par la même une catégorie peu usitée qu’est le thriller-romantique moderne.




Samuel d’Halescourt