Sibelius. Les cygnes et le silence –
Richard Millet
Qui a entendu parler du Kalevala ?
Richard Millet est
difficile à suivre, il sort désormais cinq livres par an
pratiquement introuvables en librairie, peut-être par son manque de
rentabilité ou un boycott sous couvert de bien-pensance quasiment
inhérente à la profession.
Mais j’ai tout de même
pu dénicher ce Sibelius au rayon musique, posé sur une table au
milieu de tous ces bouquins que l’on offre généralement à Noël.
La langue de Millet est
toujours aussi sublime, raffinée, élégante, entre classicisme et
les deux pieds posés lourdement dans son époque.
Le néophyte, le profane
en matière de musique classique que je suis a donc découvert le
Finlandais Jean Sibelius, sa vie, son œuvre, inspirée par la forêt
et en grande partie par le Kalevala, recueil de récits de la
mythologie finnoise établi au XIXème siècle (encore un truc
nouveau à lire absolument). Et puis le silence dont Millet fait
l’éloge, de tous les silences d’ailleurs.
J’ai relevé ce passage
qui définit bien l’esprit de Millet dans cet ouvrage, à la fois
brillant et chafouin , le tout enrobé d’un lyrisme
supérieur et superbe : « l’atmosphère hivernale du
premier mouvement, où les motifs ne se donnent que par fragments,
comblera ceux qui, comme moi, sont persuadés que le génie du froid
est plus bénéfique que l’éternel et exotique été prôné par
la propagande touristique ».
Pour conclure, un essai
fabuleux sur Sibelius, la musique classique en général, le silence,
l’influence du grand Nord, la mythologie finnoise et la fierté du
pays depuis peu indépendant.
Richard Millet est
indubitablement l’une des grands plumes de la littérature
française contemporaine, entre beauté et ostracisme, il fait son
chemin. Et même son aversion vis-à-vis de la science-fiction
m’amuse. Il considère qu’elle rabaisse l’esprit même de la
littérature alors qu’en vérité les plus grands philosophes du
XXème siècle se trouvent en son sein.
Je ne saurais trop vous
conseiller « Le goût des femmes laides » et « Petit
éloge d’un solitaire ».
Et un peu de Sibelius
avec la Valse triste.
Samuel d’Halescourt
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