mercredi 6 mai 2015

Soumission – Michel Houellebecq Note : 16/20

Soumission – Michel Houellebecq


Itinéraire d’un renoncement




Du grand Houellebecq ; pléonasme me direz-vous ! Mais tout de même, il n’est pas évident, livre après livre, de rester dans les hautes limbes de la littérature.

Chaque bouquin de Houellebecq est un monde à lui tout seul, une déclinaison du contemporain ou une anticipation clairvoyante. Celui-ci met en scène un homme seul, errant, certes professeur d’université mais en marge par ses doutes. Sifflant ces deux bouteilles de vin quasiment tous les soirs, en extase devant les soirées électorales, il passe en zigzaguant..

Certains prétendent que « soumission » est islamophobe, alors deux solutions, soit ils ne l’ont pas lu et répètent bêtement ce qu’ils entendent, soit ils lisent avec leurs pieds ; car jusqu’à preuve du contraire la polygamie jusqu’à quatre femmes est une interprétation commune de l’islam, pas de quoi s’offusquer. Parce qu’est bien là la motivation première de la conversion du personnage principal et de ses obsessions sexuelles, peut-être proprement masculines mais j’en doute, avoir droit à plusieurs femmes de tous les âges.

Spécialiste de Karl-Joris Huysmans, l’écrivain est au centre du livre comme un fil conducteur, sans cesse invoqué, nous est vivement conseillé la lecture « d’à rebours ». Si l’on part du principe que le postulat, l’élection du leader d’un parti musulman à la présidence, est visionnaire, sa réalisation admettra quelques décennies de décalage. A l’image de la prophétie de Jean Raspail qui aura intégré quarante ans d’écart.

Pour conclure, c’est vrai que l’on n’est plus face au Houellebecq qui nous avait habitués à une fulgurance par page mais à celui qui a opté pour un récit plus classique, moins entrecoupé de réflexions fortes.

La conversion, encouragée et accélérée par quelques considérations astronomico-mystiques, est effectivement une soumission à un nouvel environnement. La résistance, l’antidote, seraient avant tout d’admettre que lorsqu’on est issu du monde judéo-chrétien, se convertir à l’islam c’est un renoncement à cette culture à triple titre. Envers sa famille, ses ancêtres et sa patrie.






Samuel d’Halescourt

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