lundi 11 mai 2015

Vernon Subutex – Virginie Despentes (2015) Note : 13/20

Vernon Subutex – Virginie Despentes (2015)
Tome 1

Chorale du macadam


Le style est assez inégal, alternant passages plats et ennuyeux à des paragraphes énergiques et passionnant comme si Virginie Despentes s’endormait sur sa propre écriture avant de se réveiller, peut-être sous le coup d’un ou deux verres de whisky, et désinhibée, donnait le meilleur d’elle-même.

Le roman accumule et fait la part belle aux personnages féminins, tous plus iconoclastes et délirants les uns que les autres. Pamela Kant, Lydia Bazooka ou la hyène, autant d’entités cartoonesques et fascinantes d’un gynécée littéraire au bord de l’implosion. Les personnages masculins eux, pourtant égalitairement présents, peinent à enchanter et même à exister, maussades ou aigris, éclopés du cortex, ils errent au milieu de l’hécatombe qui fait office de préambule. Despentes, auréolée d’un féminisme de combat, donne de la couleur aux femmes et si peu de relief aux hommes, parti pris naturel plutôt réjouissant.

Vernon Subutex, ancien disquaire au chômage et à la rue, est un prétexte pour évoluer dans le monde post-punk de Despentes, sauvage et libéral, aux références rocks disséminées.

Je dois le confesser, j’aime Virginie Despentes et je me sens proche de sa genèse issue d’un limon punkoïde, fait d’anarchisme clownesque, abondance d’alcool et transgression surréaliste.

Pour conclure, du Balzac contemporain, une étude de mœurs post-moderne de parisiens en perdition, saccage en règle d’une ribambelle hétéroclite en proie à ses petites névroses.

Prostituées, actrices pornos, lesbiennes endurcies, on est au cœur du système Despentes. Ode aux nouvelles prêtresses de l’amour à qui il ne manque qu’un bras bionique pour coller définitivement à leur temps.

Un bon livre, même si comme je le dis au début, sinusoïdal dans la qualité narrative, quand le style se met à cracher du feu, ça dépote, ça emballe le cœur, comme une drogue de synthèse, enfin de ce que j’en imagine.




Samuel d’Halescourt

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