La première des Cantina
Le film s’ouvre sur les rues de Casablanca où, au
détour d’une d’entre-elles, on peut apercevoir une affiche de
propagande pétainiste où il est écrit (en français évidemment) :
« je tiens mes promesses. Même celles des autres ».
C’est bien trouvé, plutôt drôle et percutant, nous mettant
directement dans l’ambiance.
Et puis un peu plus tard, apparaît Rick, Humphrey
Bogart dans toute sa splendeur, au sommet de sa carrière et des
performances qui en découlent.
Une époque où la virilité était encore
symbolique. Bien que gringalet, Humphrey est fumeur, buveur et plein
d’assurance, ce qui fait de lui un homme, un authentique. Ce qui a
bien changé depuis, désormais pour le meilleur et pour le pire, la
virilité est empirique, elle se mesure au tour de biceps, à la
gueule de dur et au vit surpuissant. Aujourd’hui pour Humphrey ce
serait la musculation ou les rôles de geek. Il ne pourrait pas
asséner avec autant de classe et de détachement cette réplique
cinglante « ma nationalité, c’est ivrogne ! ».
Le film est le représentant d’une catégorie peu
usitée que l’on pourrait nommer « romance et gestion de
club », un vrai genre à part entière.
Pour conclure, un grand film, magique, éternel,
classique parmi les classiques. Le club de Rick à jamais dans la
légende de tous les cinéphiles acharnés. La réapparition d’Ingrid
Bergman dans la vie de Rick, leurs flash-back à Paris, tout concorde
à amadouer la nature qu’il s’est forgé et à percer des trous
dans le filet de son cynisme.
Ici tout est beau et désuet, deux mots parfois
synonymes.
Samuel d’Halescourt
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