Guide des égarés – Jean d’Ormesson
(2016) 18/20
Les notions d’un authentique esthète
Le mot qui convient le
mieux pour définir Jean d’Ormesson est sans nul doute celui de
sagacité. Sa finesse d’esprit se répand comme une légende. Il en
démontre une fois de plus le complet instrument avec ce petit
opuscule qui fait suite à sa trilogie sur le temps, l’univers et
le rien. Un petit guide roboratif pour le commun des égarés.
D’Ormesson y développe
quelques notions puissantes, qu’elles soient philosophiques,
ésotériques ou poétiques. Son chapitre sur la joie est simplement
somptueux, plein de délicatesse, de clairvoyance et d’intelligence
et instantanément devenu chez moi aussi culte que l’éloge de la
solitude dans le Zarathoustra de Nietzsche
Bien sûr on n’y
apprend rien de nouveau, certains parleront de banalités ou de
truismes. Nous ne saurions leur donner tort mais que celles-ci sont
majestueusement formulées dans une langue limpide et efficace ;
s’adonnant au plaisir de nous faire lire ce que l’on savait déjà
ou ce que l’on subodore mais d’une perception nouvelle qui nous
donne le sentiment d’avoir découvert comme une huitième couleur,
l’octarine de Pratchett.
Et puis il y a l’ordre
des sujets abordés qui ne s’enchaînent pas par hasard mais
suivent une logique croissante d’importance, c’est ainsi que nous
débutons par l’étonnement pour finir par la vérité, l’amour
et puis Dieu, puisqu’il lui restait cinq minutes.
Pour conclure, un livre
de peu de pages mais titanesque par la beauté du contenu. Jean
d’Ormesson illumine la littérature française de son empreinte
d’esthète toujours aussi naïvement profonde. Sa candeur
nonagénaire relève du sublime et du génie. Sa culture et son
expérience mises au service d’interrogations adolescentes qui
viennent avec elles.
Jean d’Ormesson, maître
incontesté du verbe, il est notre roi à tous, les fidèles sujets
du royaume de l’écrit.
Samuel d’Halescourt
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