Le prophète – Khalil Gibran
(1923) 14/20
Les sept sœurs du plaisir
Lorsque j'ai appris que cet ouvrage
faisait partie de la bibliothèque du parfait petit hippie, cela m'a
instantanément intrigué et je n'ai pas hésité cinq secondes à
l'acheter quand je suis tombé dessus dans ma librairie mère au
minuscule rayon de littérature arabe.
Ouvrage hautement mystique, d'une
poésie profonde et si intelligible qu'elle en deviendrait suspecte.
Gibran donne vie à un prophète qui
apparaît comme parfait : tolérant, poussant à la réflexion et à
la contemplation, évoquant la simple surface de concepts pourtant
complexes, pour en approcher le cœur depuis l'écorce.
Il apparaît évident que ce prophète,
fait de bonté et de douceur, a tout pour ravir, contenter les
occidentaux baignés dans la figure du Christ alors qu'il semble
avoir été créé pour parler aux musulmans et abroger certaines de
leurs doctrines. L’emblématique chapitre où il fait l'éloge des
cheveux flottant dans le vent est une attaque en règle à
l'obligation du port du voile.
J'imagine qu'il n'y a que les libanais
dans le monde islamique pour apprécier ce texte car la provocation
génératrice de fatwas se distingue clairement.
Pour conclure, un livre fantasmatique
où Gibran livre la vision d'un prophète dont il aurait aimé être
le disciple ou qu'il aurait aimé, dans une bouffée mégalomane,
tout simplement être.
C'est à la fois moderne et archaïque,
curieusement hors du temps ou miraculeusement intemporel.
Un court texte qui, sans chambouler
l’âme ou révolutionner notre vision du monde, fait du bien,
rassérène, nous montre qu'il peut exister des êtres sages, pleins
de lumière et de tempérance, réconciliant les contraires avec un
regard d'une mysticité bienveillante sur les choses et l'existence.
Et qui saura identifier les sept sœurs
du plaisir. J'ai ma petite idée mais je vous laisse seul les
découvrir.
Samuel d'Halescourt
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