dimanche 7 décembre 2014

Chéri-Chéri – Philippe Djian (2014) Note : 9/20

Chéri-Chéri – Philippe Djian                                                                                           Note : 9/20

Travesti et gangster


Annonçons la couleur, j’aime Philippe Djian, « Vers chez les blancs » est pour moi un des meilleurs romans français de ces vingt dernières années, si ce n’est le meilleur. L e fait d’affirmer que Philippe Djian est un grand auteur est purement subjectif, je ne sais pas s’il sera là encore dans cent ans, contrairement à Houllebecq, qui lui objectivement le sera et on le lira comme on lit Proust ou Céline aujourd’hui.

Ceci étant posé, Djian n’écrit plus qu’un bon livre tout les trois livres. « Oh … » était excellent, « Love song » très moyen et ce « Chéri-chéri » insoutenable dans l’insipide. A force de privilégier le style à l’histoire, on risque gros, surtout quand le style n’est pas réellement au rendez-vous, il n’y a plus rien.

L’histoire, un écrivain confidentiel se travestit le soir venu dans un cabaret façon Michou, se voit contraint pour rembourser une dette à son beau-père mafieux de profession, de participer à un recouvrement avec Robert, bras droit du même beau-père. A la fin l’écrivain couche avec sa belle-mère. C’est en effet assez mince, juste quelques idées balancées sur la table, alibi pour ne pas complètement basculer dans l’abstrait.

Le style maintenant, certes agréable mais pas au niveau, un niveau d’excellence dont on sait Philippe Djian capable d’atteindre, il nous l’a déjà prouvé.

C’est donc un livre sur le travestissement, déconnecté de toutes pulsions homosexuelles, comme un jeu d’enfant, innocent et ludique, détaché de tout problème d’identité, d’un homme qui souhaiterait devenir femme, non, simplement une immense farce de carnaval, un travestissement festif. Denis pourrait aussi bien se déguiser en Batman ou en Pokémon, se serait aussi dépourvu d’arrière-pensée.

Pour conclure, il ne faut pas juger Djian sur ce simple opus, qu’il faut appréhender comme l’élément d’un édifice plus large qui s’appelle son œuvre, une œuvre magnifique, délectable, jouissive.

Mais si l’on juge le livre seul, de façon isolé, il faut reconnaître son caractère mineur, son absence de souffle, la succession de phrases molles.

Espérons que la prochaine cuvée de Djian sera de meilleure facture.



Samuel d’Halescourt

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