mardi 2 décembre 2014

Rochester, le dernier des libertins de Laurence Dunmore Note : 17/20

Rochester, le dernier des libertins de Laurence Dunmore (2004)                                  Note : 17/20


Festin et agonie


L’adage était donc vrai : un mauvais film avec Johnny Depp ça n’existe pas ! Même dans un film pourtant mineur passé quasiment inaperçu, d’un réalisateur inconnu au bataillon, Depp délivre une performance époustouflante, passant par tous les stades du jeu.

Pas facile d’incarner John Wilmot, deuxième comte de Rochester, le Sade anglais, en moins sordide et plus truculent, d’une bonhomie toute Rabelaisienne, exhibant une sexualité lumineuse et roborative teintée de burlesque, évidemment excessive et outrancière mais rien à voir avec le malsain du divin marquis.

Peut-être que je me trompe mais j’ai l’impression que le film a été tourné à la bougie, à l’instar d’un Barry Lyndon qui donne des cadres parfois partiellement obscurs, amenant une ambiance à la Ravenloft (pour les vieux rôlistes qui connaissent) ,mais sans barde loup-garou, comte vampire ou chevalier fantomatique.

La maladie contractée par Rochester dont les dégâts sont présentés dans les vingt dernières minutes, constitue une espèce de punition divine, d’expiation pour tous ces outrages à la bonne morale.

Malkovich en roi d’Angleterre est impeccable à la fois aérien et chtonien. Wilmot, précurseur du dandy, valétudinaire par nature qui justifie sa fin, était artiste, fantasque et libre de mœurs comme le montre le film au milieu d’une époque où la vie n’était que rudesse et grande pauvreté.

Ce film pourrait constituer le dernier volet d’une trilogie comprenant Sleepy Hollow et From Hell. En effet, on y retrouve un grand Johnny Depp, une atmosphère sombre et esthétisée et le destin d’un homme seul mis à rude épreuve : société, cavalier sans tête ou Jack l’éventreur.

Pour conclure si vous aimez les biopics sur des personnages hors du commun qui ont marqué leur époque, les films à l’esthétique léchée, unique et cohérente, les ambiances pesantes voire glauques, les festins libertaires, alors visionnez-le.

Et puis un film avec Johnny Depp c’est comme un film avec Brad Pitt, un gage de qualité !





Samuel d’Halescourt


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