Film d’une grande profondeur,
aux personnages émouvants, étymologiquement romantique, dont le
tragique subtil se confond avec la vie et les remous d’une histoire
agitée qui façonne les destinées.
Mon incipit ou introït résolu,
j’affirme qu’on a là une définition de ce que peut être la
mélancolie, comme « Eyes Wide Shut » dans un autre
style. Des dialogues bien placés sur des images maîtrisées,
accompagnés d’une bande son qui évoque inexorablement une
certaine forme de tristesse et d’introspection.
Juliette Binoche est émouvante,
je ne lui enlèverai pas symboliquement son oscar mais Kristin Scott
Thomas est démentielle, inspiratrice des pulsions adultérines d’un
Ralph Fiennes qui ne peut que se résoudre à l’évidence de cet
inexpugnable charme.
Tout comme Lawrence d ‘Arabie ou
Or noir, on est là aussi face à une expérimentation du désert,
dangereux, calme et inspirant.
Deux récits s’alternent, celui
du souvenir et celui de l‘agonie. L’agonisant, lecteur
d’Hérodote, se souvenant d’une passion amoureuse se terminant
par un dénouement brutal plein de fractures.
Pour conclure, Minghella a survolé
son sujet avec maestria, du grand cinéma romantique dépouillé de
ses mièvres clichés pour accoucher de son essence la plus radicale,
d’une volupté saisissante .
Un film de femme (avec tout ce que
cela pourrait contenir de péjoratif) peut-être, mais hautement
supérieur, exigeant, qui traite tellement de sujets que ça en
devient vertigineux.
Samuel d’Halescourt
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