vendredi 22 juillet 2016

Le Patient anglais d’Anthony Minghella (1996) Note : 16/20

Hérodote et la mélancolie




Film d’une grande profondeur, aux personnages émouvants, étymologiquement romantique, dont le tragique subtil se confond avec la vie et les remous d’une histoire agitée qui façonne les destinées.

Mon incipit ou introït résolu, j’affirme qu’on a là une définition de ce que peut être la mélancolie, comme « Eyes Wide Shut » dans un autre style. Des dialogues bien placés sur des images maîtrisées, accompagnés d’une bande son qui évoque inexorablement une certaine forme de tristesse et d’introspection.

Juliette Binoche est émouvante, je ne lui enlèverai pas symboliquement son oscar mais Kristin Scott Thomas est démentielle, inspiratrice des pulsions adultérines d’un Ralph Fiennes qui ne peut que se résoudre à l’évidence de cet inexpugnable charme.

Tout comme Lawrence d ‘Arabie ou Or noir, on est là aussi face à une expérimentation du désert, dangereux, calme et inspirant.

Deux récits s’alternent, celui du souvenir et celui de l‘agonie. L’agonisant, lecteur d’Hérodote, se souvenant d’une passion amoureuse se terminant par un dénouement brutal plein de fractures.

Pour conclure, Minghella a survolé son sujet avec maestria, du grand cinéma romantique dépouillé de ses mièvres clichés pour accoucher de son essence la plus radicale, d’une volupté saisissante .

Un film de femme (avec tout ce que cela pourrait contenir de péjoratif) peut-être, mais hautement supérieur, exigeant, qui traite tellement de sujets que ça en devient vertigineux.








Samuel d’Halescourt

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