Entre esprit punk, culture geek et judaïsme
Le livre, censé être centré sur la mémoire du
paternel André Sfar, ne respecte aucune structure et c’est tant
mieux ; ça part dans tous les sens. L’anecdote surgit après
la réflexion, le souvenir après la déclaration. L’ensemble est
signifié par un style parlé où l’on ressent que Sfar écrit
comme il aurait l’habitude de s’exprimer, ce qui donne un ton
direct, fleuri et percutant au texte, évidement sublimé par son
« petit » talent.
On y apprend notamment qu’en ce temps là à Nice,
une méta-police hébraïque défendait chèrement l’intégrité
des pierres constituant la synagogue et qu’un jeune juif pouvait
avoir un pote skinhead s’il répondait à l’injonction majeure de
la sympathie, s’il en allait ainsi de sa nature cachée.
Pour conclure, une autobiographie fragmentaire, un
alignement de réminiscences parcellaires autour du père et du
judaïsme (c’est ici la même chose), de sa mère disparue trop
tôt, de son ex-compagne et de tout un tas de petits sujets qui,
glissés au milieu des thèmes tutélaires, font tout le sel du
bouquin.
Sfar s’inscrit comme un touche-à-tout heureux et
démontre que la pluridisciplinarité artistique reste légale pour
peu qu’on en ait l’adresse et l’aisance, et réactive ce que je
crois être une vieille tradition française dans la veine des
Cocteau, Guitry ou autre Pagnol.
Samuel d’Halescourt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire