mardi 7 février 2017

La route – Cormac Mc Carthy (2007) Note : 12/20

Prose de la dernière lumière


Les personnages, un homme et son fils, n’ont pas de noms. Relégués au rang d’ectoplasmes errant dans des paysages plus ou moins urbains, recouverts de cendres. Peu importe leur identité, ils sont déjà morts, la désolation ayant tout emporté.

Un goût d’apocalypse envahit le moindre de leurs gestes, de leurs paroles, conditionnés par la nécessité que confère l’impératif de la survie. C’est la mise en mot d’un grand sentiment d’absurde qui nous étreint face à la fin des temps, des dernières convulsions d’une poignée d’hommes sur terre.

Le livre est savamment, minutieusement découpé en minuscules chapitres, presque des versets, d’un ou deux paragraphes tout au plus qui s’agglutinent entre eux et déroulent la cauchemardesque agonie de nos héros.

Comme si un dieu assoupi ouvrait régulièrement les yeux pour voir où en sont ses dernières créatures, leur avancement au milieu des cendres. Un dieu, qui n’ayant plus de fidèles pour lui donner persistance par consciences interconnectées, s’éteindrait lui aussi à tout jamais tel un soleil obstrué par un hiver nucléaire. Et ce démiurge, en l’espèce, c’est Mc Carthy qui signe à la fois la fin des hommes et la fin de sa carrière littéraire dans un même élan crépusculaire.

Là où ça pèche, le grand défaut du livre, c’est le style bien trop sommaire, accompagné d’un vocabulaire des plus minimales. Quant aux multiples tentatives de produire de la prose, ça tombe irrémédiablement à plat, aucun effet poétique ne l’emporte. Un peu léger pour un prix Pulitzer !

Pour conclure, « la route » est une œuvre moyenne, qui aurait son petit éclat chez un aficionado du post-apocalyptique mais une faible importance dans un transgenre littéraire globalisant.

Ayant vu le film d’Hillcoat avant de découvrir le bouquin, je pensais naïvement qu’il y avait bien plus dans le second que dans le premier, qu’il s’y trouvait peut-être des réflexions hautement philosophiques intraduisibles à l’écran d’où sa relative propension au rien. Eh bien non, le film est fidèle au livre, inconséquent !

Mais il demeure néanmoins un élément captivant, c’est cette obsession des cendres. Car il y est toujours question de cendres, le monde étant visiblement devenu un immense cendrier.




Samuel d’Halescourt

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire