La part romantique des geishas
Après « Après la
pluie », un autre cinéaste compatriote du grand Kurosawa
s’empare d’un de ses scénarios posthumes pour le porter à
l’écran. Et même si l’on peut présumer que le vieil Akira
aurait fait mieux, ça reste du très bel ouvrage.
S’inscrivant comme un
sous-genre du chambara qu’est le film de geisha, « La mer
regarde » nous plonge dans cet univers interlope et intriguant,
mystérieux et impénétrable à l’occidental moyen qui pourrait
prendre nos dames de compagnie pour de vulgaires prostituées,
contraintes de surcroît. Mais au vu de ce film, il n’en est rien
et la vulgate s’effondre. La geisha relève plus de la courtisane,
de la confidente et conseillère, de la musicienne accompagnatrice ou
de la partenaire bienveillante de beuverie. Et le samouraï, le
commerçant ou l’artisan de ce japon traditionnel aux mœurs
ancestrales, vient avant tout y trouver un havre de paix, y soigner
ou y conforter son vague à l’âme et sa mélancolie.
Beauté mélancolique qui
transcende tout le film, accentuée par la sublime tristesse de la
musique qui revient régulièrement comme une boucle. Et puis la fin
de l’œuvre, un quart d’heure d’onirisme pur. Deux de nos
héroïnes perchées sur le toit de la maison entourée par le niveau
surélevé de la mer et prise au piège. On assiste au dénouement
d’une grande histoire d’amour.
Pour conclure, un bath de
film sur le rapport entre samouraï et geisha, les deux figures de
proue d’un Japon fantasmé, d’un âge d’or qui firent de nos
générations des nipponophiles à défaut d’être japonisant et
originellement initiées par les animés de chez Dorothée.
Une volonté naturaliste,
d’un réalisme stupéfiant où même la violence est rendue de
façon crédible, non esthétisée, quand la peur et l’envie d’en
découdre s’entremêlent chez ses protagonistes. Tout y est
parfaitement humain, des sentiments aux attitudes.
Samuel d ‘Halescourt
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