jeudi 16 mars 2017

La mer regarde de Kei Kumai (2002) note : 16/20

La part romantique des geishas


Après « Après la pluie », un autre cinéaste compatriote du grand Kurosawa s’empare d’un de ses scénarios posthumes pour le porter à l’écran. Et même si l’on peut présumer que le vieil Akira aurait fait mieux, ça reste du très bel ouvrage.

S’inscrivant comme un sous-genre du chambara qu’est le film de geisha, « La mer regarde » nous plonge dans cet univers interlope et intriguant, mystérieux et impénétrable à l’occidental moyen qui pourrait prendre nos dames de compagnie pour de vulgaires prostituées, contraintes de surcroît. Mais au vu de ce film, il n’en est rien et la vulgate s’effondre. La geisha relève plus de la courtisane, de la confidente et conseillère, de la musicienne accompagnatrice ou de la partenaire bienveillante de beuverie. Et le samouraï, le commerçant ou l’artisan de ce japon traditionnel aux mœurs ancestrales, vient avant tout y trouver un havre de paix, y soigner ou y conforter son vague à l’âme et sa mélancolie.

Beauté mélancolique qui transcende tout le film, accentuée par la sublime tristesse de la musique qui revient régulièrement comme une boucle. Et puis la fin de l’œuvre, un quart d’heure d’onirisme pur. Deux de nos héroïnes perchées sur le toit de la maison entourée par le niveau surélevé de la mer et prise au piège. On assiste au dénouement d’une grande histoire d’amour.

Pour conclure, un bath de film sur le rapport entre samouraï et geisha, les deux figures de proue d’un Japon fantasmé, d’un âge d’or qui firent de nos générations des nipponophiles à défaut d’être japonisant et originellement initiées par les animés de chez Dorothée.

Une volonté naturaliste, d’un réalisme stupéfiant où même la violence est rendue de façon crédible, non esthétisée, quand la peur et l’envie d’en découdre s’entremêlent chez ses protagonistes. Tout y est parfaitement humain, des sentiments aux attitudes.




Samuel d ‘Halescourt

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