Discours à l’Académie suédoise – Patrick Modiano
(2015)
Aux origines de la névrose
L’inénarrable Patrick Modiano se rend à Stockholm, reçoit
son prix Nobel et nous gratifie d’un
discours qu’il récite maladroitement et sans prestance. Sinon discours très
bien écrit, maîtrisé, l’essentiel est bien dit avec ce qu’il faut de mélancolie
et de nostalgie. Très belle évocation de Paris et de sa charge émotive pour
l’auteur, ses rues, ses quartiers, dans lesquels Modiano a tant flâné.
Il nous rappelle qu’il est né en
1945 et que cette date n’a rien d’anodin, fin de la seconde guerre mondiale et
donc de l’occupation, ce Paris sous influence est son carburant créatif. Comme
il écrit si bien : « ce Paris là n’a cessé de me hanter et sa lumière
voilée baigne parfois mes livres ».
Il se compare à quelques grands
écrivains notamment du XIXè qui avaient une ville fétiche pour décor de leurs
intrigues : Balzac, Dickens, Dostoïevski ou Kafu Nagai pour respectivement
Paris, Londres, Saint Petersbourg et Tokyo.
J’admets, la langue est belle,
c’est bien troussé, néo-classique avec une voix trempée dans de la bile noire.
Pour conclure, trente pages de
considérations inactuelles, éminemment égotistes, colorées à l’anthracite,
Modiano se fait le premier violon de la symphonie du souvenir, le gardien des
derniers soubresauts du beau.
Même si ses invocations
mnémoniques sont douces à l’esprit et résonneront chez les âmes romantiques, le
discours n’est évidemment pas au niveau du « discours de Suède »
d’Albert Camus, bien plus percutant et d’une autre envergure.
Samuel
d’Halescourt
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