Historiettes de l’Amérique quotidienne
Recueil de nouvelles que je
qualifierais d’honnête, autant d’histoires qui feraient de bons
courts-métrages, quasiment des scénarios, empreintes d’une
écriture véritablement cinématographique (les images s’inscrivant
naturellement au fond de notre cerceau).
C’est une suite d’anecdotes,
de tranches de vie, un univers placé entre les frères Coen,
Tarantino, Woody Allen voire même Lynch avec une obsession pour ces
retraités qui migrent du nord vers le sud, définitivement ou durant
l’hiver et appelés « oiseaux des neiges » (titre d’une
nouvelle).
La première, « Ancien
marine », est certainement la meilleure et ouvre judicieusement
le recueil. Elle est l’incarnation, la quintessence de cette
Amérique fantasmée qui nous fait vibrer, un vieux braqueur opposé
à ses enfants, tous dans les forces de l’ordre.
Je ne connaissais pas Russell
Banks, avant d’entendre que c’était un auteur nord-américain
important. Chez lui l’imagination prime sur le style, en tout cas
dans ce recueil, mais son imaginaire est sans limite, même s’il
est circonscrit par un néo-naturalisme issu de l’Amérique
contemporaine.
Les personnages des différentes
nouvelles sont bien campés, des gens de tous les jours, archétypes
du quotidien, mus par des volontés modérées, entre ridicule et
héroïsme trivial.
Pour conclure, un bouquin sans
flamboyance, peut-être inutile, dont ne subsistent que quelques
bribes seulement plusieurs mois après la lecture. « A la
recherche de Véronica », seule cette phrase évoquera pour
quelques temps encore une certaine émotion, avant de finir dans
l’éther.
Pauvre victime collatérale de
l’actualité des éditeurs, de la publication sauvage du moment.
Notre désir de découvrir de nouveaux auteurs et d’en identifier
ceux qui comptent, nous perd parfois et nous plonge dans un grand
maelström de circonspection. Nous cherchions un trésor et nous
n’avons trouvé que parchemin médiocre. Sans éteindre la
curiosité, l’esprit d’aventure, la quête littéraire, mieux
vaut parfois se pencher sur l’ancien, le poussiéreux, où le temps
a joué son rôle de filtre, résidu sublime des siècles passés.
Samuel d’Halescourt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire