dimanche 9 août 2015

Buffet froid de Bertrand Blier (1979) note : 13/20

Buffet froid de Bertrand Blier (1979)

Angoisse et onirisme négatif


Effectivement le buffet servi par Blier est froid et même glacé, provoquant engelure du cerveau et grelottement du myocarde.

C’est un cauchemar gelé dans un environnement futuriste et bétonné, source de la folie meurtrière du personnage de Jean Carmet, de son propre aveu.

Une sorte « d’orange mécanique » à la française, entre délire et grotesque, outrance et déréliction, invraisemblance et pittoresque.

J’avoue être assez sec devant ce film qui m’a à peine convaincu. Seule la scène d’ouverture avec Serrault me laisse un grand souvenir :
  • Qu’est-ce que vous regardez ?
  • Votre oreille !
  • Pourquoi vous êtes oto-rhino ?
  • Non !
  • Alors laissez-moi tranquille !

La confrontation entre le Depardieu chômeur et le Serrault comptable, est particulièrement géniale. Les dialogues et la mise en scène donnent un grand moment de cinéma, jusqu’à ce que Serrault se retrouve poignardé au ventre et ne manifestant aucune souffrance, continuant à gloser d’une voix blanche, ouvre l’esprit du film. Le voyage se finissant avec Carole Bouquet qui dessoude Depardieu dans une barque, mettant fin au rêve, à l’hallucination et nous réveille d’une extravagance à la morale d’un autre univers.

Normalement, pour écrire un tel scénario, il aurait fallu récupérer tout le bad trip d’une fumerie d’opium et tout le delirium tremens d’un centre pour alcoolique.

Les protagonistes gardent tout de même, malgré la froideur de leurs sentiments, une certaine hiérarchie morale. J’en veux pour preuve le sacrifice du personnage de Jean Carmet, le plus odieux, assassin de femmes sans défense, dont il se débarrasse sans le moindre remords. Puis la mise à l’eau de Bernard Blier , lui aussi avec du sang sur les mains, paye son absence de sens du degré. Quant à Depardieu, il est lui même puni, mais une question se pose, et là est l’énigme finale du film , a-t-il oui ou non tué le personnage de Serrault dans le métro ?

Pour conclure, une œuvre étonnante, iconoclaste, au dialogue Audiardisant, sombre et surréaliste. Beaucoup le considère comme un chef d’œuvre de Blier alors que pour moi c’est clairement un de ses plus faibles.

Et comme le dit Bernard Blier, les suspects sont jeunes, portant le cheveu long et le blouson noir.


Samuel d’Halescourt

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