Buffet froid de Bertrand Blier
(1979)
Angoisse et onirisme négatif
Effectivement le buffet servi
par Blier est froid et même glacé, provoquant engelure du cerveau
et grelottement du myocarde.
C’est un cauchemar gelé dans
un environnement futuriste et bétonné, source de la folie
meurtrière du personnage de Jean Carmet, de son propre aveu.
Une sorte « d’orange
mécanique » à la française, entre délire et grotesque,
outrance et déréliction, invraisemblance et pittoresque.
J’avoue être assez sec devant
ce film qui m’a à peine convaincu. Seule la scène d’ouverture
avec Serrault me laisse un grand souvenir :
- Qu’est-ce que vous regardez ?
- Votre oreille !
- Pourquoi vous êtes oto-rhino ?
- Non !
- Alors laissez-moi tranquille !
Normalement, pour écrire un tel
scénario, il aurait fallu récupérer tout le bad trip d’une
fumerie d’opium et tout le delirium tremens d’un centre pour
alcoolique.
Les protagonistes gardent tout
de même, malgré la froideur de leurs sentiments, une certaine
hiérarchie morale. J’en veux pour preuve le sacrifice du
personnage de Jean Carmet, le plus odieux, assassin de femmes sans
défense, dont il se débarrasse sans le moindre remords. Puis la
mise à l’eau de Bernard Blier , lui aussi avec du sang sur les
mains, paye son absence de sens du degré. Quant à Depardieu, il est
lui même puni, mais une question se pose, et là est l’énigme
finale du film , a-t-il oui ou non tué le personnage de Serrault
dans le métro ?
Pour conclure, une œuvre
étonnante, iconoclaste, au dialogue Audiardisant, sombre et
surréaliste. Beaucoup le considère comme un chef d’œuvre de
Blier alors que pour moi c’est clairement un de ses plus faibles.
Samuel d’Halescourt
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