dimanche 27 septembre 2015

Quatrième message du Kindred

Quatrième message du Kindred

Floyd et son tropisme


Floyd est remonté au salon, ses deux cents kilos encastrés dans le cuir synthétique du canapé deux places vissé au sol. Il s’est mis torse nu et sa graisse s’agglutine comme de la matière molle autour d’un axe immobile. Il bourre le foyer de son bang des derniers décigrammes d’une herbe saupoudrée de diacétylmorphine avant de l’allumer et de caler son souffle sur une obsessionnelle aspiration.

Toute la machinerie se met à trembler. La fumée remonte le tube rouge, translucide et fluorescent. Les vapeurs de la substance psychotrope vont attaquer son cerveau pour plusieurs heures.

J’ai moi-même consommé beaucoup de cannabis étant jeune, de l’adolescence au début de l’âge adulte mais j’ai finalement compris que ce n’était pas pour moi. L’aphasie, la perte de vigilance et de vigueur, la paranoïa et l’angoisse, tout cela ne me sied guère. Je préfère mille fois l’alcool, là est ma vraie drogue, celle qui me correspond, ontologique et fidèle à mon ascendanc
e catholique.

Toujours est-il que ce gros rejeton de demi-félon à la longue tignasse est ce qu’il serait coutumier d’appeler mon meilleur ami, dans la définition générale que l’on en donne.

Son père était un caïd, un des plus craints de tout Vance City. Un prédateur à la fois sauvage et sophistiqué, un ambitieux au chemin alternatif, une voie où l’on monte vite pour redescendre et s’aplatir quelques étages plus bas. Il purge actuellement une peine de 203 ans, incompressible, pour un quadruple meurtre en forme de règlement de compte, dans la principale station carcérale du système solaire que l’on surnomme l’aiguille. Un des plus grands bassins d’emplois avec New-Macao. Cinq cent mille détenus répartis dans une prison spatiale, orbitant entre les cailloux de la grande ceinture d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter. La plus grande concentration de détraqués et d’assassins que l’humanité ait jamais connue.

Son géniteur fait partie de ces condamnés, de ces zombies numérotés et surveillés, pour lequel il ne peut rien faire si ce n’est lui rendre visite tous les six mois et lui payer quelques cartouches de Jupiter’s.

Je vous recontacte prochainement



Samuel d’Halescourt

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