Après « Damnés »,
roman pour le moins pusillanime et ouaté qui s’arrête au seuil du
trash pour ne délivrer qu’une fantasmagorie infernale digne d’une
adolescente biberonnée à l’eau de rose, d’une punkette sans
vices (rebelle mais conforme), Polahniunk nous transmet cet
« orgasme » qui a un peu plus d’intérêt dans ses
modulations et son traitement.
Entre anticipation et allégorie,
alternant des éléments crédibles, type hard-science, et des
éléments surnaturels incohérents d’un point de vue physique.
« Orgasme » n’a
rien d’un roman érotique, toutes les scènes de sexe, nombreuses,
sont techniques, froides et cliniques, une simple expérimentation du
geek milliardaire mettant au point ses produits Beautiful you. Si
vous envisagiez l’excitation, passez votre chemin et c’est sans
évoquer les séances avec baba Barbe-grise qui, si elles ne vous
dégoûtent pas, vous laisseront dubitatif, spectateur d’un maître
yoda qui aurait troqué la force par la lubricité.
Quant aux tableaux pouvant faire
frétiller, cela se termine par la mutilation d’un pénis par des
nanorobots agressifs lovés au fond du vagin de l’héroïne, Penny.
De quoi largement faire débander une demi-molle à peine formée.
Le livre repose sur l’idée
qu’une gamme de sexetoy révolutionnaire concentre les femmes sur
leur désir au détriment de la société qui s’écroule
irrémédiablement.
Pour conclure, Palahniuk est
indispensable à la littérature contemporaine en ce sens qu’il ose
pas mal de trucs que l’on ne voit nulle part ailleurs. Toujours
satirique, il explose ici les codes du roman érotique typiquement
féminin pour dessiner un futur envisageable fait d’orgasmes totaux
qui ne sont que la mise en pratique de décennies de théories
souhaitées.
Un bon livre qui, sans être
exceptionnel, a le mérite d’être suffisamment original pour ne
pas laisser indifférent, marque de fabrique du grand Palahniuk !
Samuel d’Halescourt
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