Chronique des enfers
Chapitre I (3)
Elle s’appelait Naïla et devait avoir le même
âge que moi. En pleurant et geignant, elle se débattait à s’en
désarticuler, maintenue fermement par ses parents devant l’entrée
d’une yourte sacrée, contrainte de participer à une
cérémonie ritualisée. Elle hurlait et s’agitait comme si on
l’emmenait à l’abattoir. Comme possédée par l’esprit de
l’autodétermination.
J’y vois également la révélation précoce des
grands ordonnateurs du vivant, des entités cosmiques et de leurs
plans machiavéliques.
Par mon détachement et ma nature observatrice,
j’ai compris qu’il n’y avait que deux routes, deux voies
possibles. L’on est soumis aux autres hommes ou l’on est soumis à
Dieu, c’est-à-dire à soi-même. Car ce dieu choisi dans le
catalogue vous accordera toutes les libéralités pour peu que vous
suiviez votre intuition et votre instinct.
C’est avec cette expérience que je me détache à
jamais de la tyrannie des hommes et de leurs conventions pour
convoquer le divin et mon rapport direct avec lui, authentiquement
mystique.
Et ce ne sera aucun des dieux des Nah Hassar que je
rejetterai les uns après les autres mais celui que ma quête
irréfrénée, entre mon âme et le couronnement supérieur, mettra
sur mon chemin. Celui dont la doctrine répondra et épousera les
raisonnements de mon intériorité bien qu’elle fût distordue par
mes névroses et mes passions, apanage d’une jeunesse trop furieuse
pour s’appesantir sur une analyse sérieuse de son moi. Distorsion
qui sera encore accentuée par la découverte de mes différences
physiques avec le reste des membres de la tribu.
Samuel d’Halescourt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire