vendredi 14 avril 2017

Le petit gars qui se roulait par terre – Patrick Eudeline (2016) Note : 12/20


Quand les Johnny H. étaient pléthoriques


Petit ouvrage sympathique de Patrick Eudeline dans la collection Incipit, qui devient de plus en plus passionnante au fur et à mesure des parutions.

Ici, c’est l’aventure quotidienne d’un jeune français lambda en 1960, frénétiquement épris de musique rock et de son esprit, sans la connaître véritablement, à une époque où culture underground était synonyme d’introuvabilité.

Et c’est au milieu de la petite vie de Freddy et de ses potes que celui qui deviendra légende, Johnny Hallyday, fait sa première apparition à la télévision et séduit tous les demi-loubards et autres amateurs de 400 coups en milieu urbain, surtout parisien.

Le style d’Eudeline incarne assez bien l’ambiance et le caractère de cette époque. Un endroit du temps où les racailles de l’époque, les fameux blousons noirs, avaient plus d’éducation que la majorité des quidams d’aujourd’hui. Un calme et une sérénité difficilement imaginables de nos jours car suivant la sacro-sainte loi du progrès linéaire, rien ne saurait être enviable dans notre passé.

Freddy répond à l’injonction des trois désirs masculins de base de celui qui débute dans l’existence et que Johnny évoque dans son chef d’œuvre « Elle est terrible ». Ces trois désirs étant dans l’ordre : une femme, une voiture et une maison. Le tout ne pouvant être définitivement pérennisé que par l’obtention d’un travail honnête, loin des miettes proposées par la rue.

Pour conclure, Eudeline nous parle des origines, du plasma primordial d’où émergera toute une culture qui emportera tout avec elle, jusqu’à la respectabilité.

Il aborde également avec pertinence la question de l’amitié, complète et transcendantale que l’on peut vivre à ces âges précédant la majorité civile ; de ces nuits passées à discuter de tout et de rien lorsque l’on va pioncer les uns chez les autres. Quand le dénuement, la non possession et l’avenir incertain nous plongent dans un état de galère qui peut faire de nous d’authentiques frères.




Samuel d’Halescourt

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