dimanche 8 février 2015

Pas pleurer – Lydie Salvayre (2014) Note : 13/20

Pas pleurer – Lydie Salvayre (2014)

Durruti est mort


Ah ! le Goncourt ! C’est toujours un rendez-vous que l’on ne saurait manquer.

Ce n’est pas un livre sur la guerre d’Espagne mais qui se passe pendant la guerre d’Espagne, ce qui fait une grande différence. C’est avant tout un témoignage, romancé certes, de la mère de la romancière, la grande histoire par son petit bout de lorgnette.

Le récit est truffé de jargons espagnolisants et de barbarismes inventés par la mère ; mais aussi de mots rares et littéraires, tel que munificent, qui veut dire très généreux, et c’est très agréable d’être confronté à un vocabulaire d’élite qui nous fait plonger dans le dictionnaire.

Il y a également l’évocation permanente de Bernanos et de son grand cimetière sous la lune, de son dégoût des massacres couverts par l’église catholique, sa si chère église catholique. Livre de Bernanos à lire, indubitablement. La guerre larvée et sous-jacente entre anarchistes et communistes incarnée par deux personnages, le frère et le futur époux de la narratrice, nous montre qu’au-delà de l’idéologie, ce sont aussi et avant tout des rancœurs personnelles qui les agitent.

Le titre de l’ouvrage reste énigmatique, « pas pleurer », difficile d’identifier ce à quoi cela peut faire référence. Et en fait si, c’est ce moment où enceinte de son amant français rencontré pendant ses pérégrinations libertaires, elle doit épouser le parti que sa mère a choisi, accepter son sort comme une adulte, ne pas pleurer.

Pour conclure, un livre bien écrit, d’une grande exigence, que ce soit au niveau du vocabulaire ou du style. Un voyage dans les méandres d’un conflit qui opposa quatre factions, les unes massacrant les autres à tour de rôle.

Est évoquée la figure de Durruti, célèbre anarchiste de l’époque, que je ne connaissais pas et dont l’annonce de la mort soudaine et suspecte rend furieux l’anar qui en rend responsable son rival communiste.

Histoire passionnante et fascinante, prix Goncourt mérité, faute de mieux !



Samuel d’Halescourt

1 commentaire:

  1. Ah ces mots oubliés aussi précieux qu'inutiles (à part pour gagner au scrabble) !

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