Cosmopolis de David
Cronenberg (2012)
« Ma prostate est
asymétrique »
Tout commence avec le plan
d’ouverture, un long travelling sur une rangée de limousines
blanches autour desquelles s’affairent leurs chauffeurs. Puis
arrive Pattinson en compagnie de son garde du corps, figure du golden
boy qui a réussi, de la start-up à la fortune.
C’est l’histoire de ce jeune
homme, désespéré, au bout d’un cycle, quasiment nihiliste. Les
protagonistes défilent dans sa limousine et lui exposent leur part
de vérité.
Quand une foule anarchisante
massacre sa voiture de graffitis, il ne réagit pas, au contraire, il
fait corps avec cette fin de monde, le rat devenu hypothétique
monnaie d’échange, balancé dans un restaurant où il mange avec
sa récente femme.
Son errance le pousse au délire,
à l’assassinat de son garde du corps ce qui n’a, à priori,
aucun sens si ce n’est celui de se débarrasser de son garde fou
afin d’affronter son destin, sa chute, sa descente aux enfers.
Etat suicidaire, logique
autodestructrice, il supplie sa maîtresse de le tazer, se tire une
balle dans la main, ne réagit pas quand l’arme est pointée sur sa
tête prête à tirer avant l’écran noir.
Un film à base de dialogue, ça
parle tout le temps, ce qui n’est pas pour me déplaire, surtout
quand l’échange est à base de supputations, d’envolées
pseudo-philosophiques ou de platitudes sublimées.
Pour conclure, un film à
l’atmosphère pesante, un héros éthéré et perdu, une limousine
pour fil conducteur, une ville assiégée de manifestants enragés.
L’ensemble reste très
mystérieux, le message n’est pas évident, la perte de repère
d’un homme riche et puissant qui se jette volontairement dans la
gueule du loup après un périple typiquement New-Yorkais :
discussions, scènes de sexe et un meurtre froid et incompréhensible.
Film magnifique par l’esthétique,
l’ambiance flirtant avec le cyberpunk, la galerie de personnages,
du plus sage au plus barré.
Et cette angoisse qui rend humain
Pattinson dans son nihilisme et qui revient : « ma
prostate est asymétrique ». Un bon film de plus de
l’iconoclaste Cronenberg.
Samuel d’Halescourt
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