lundi 18 avril 2016

La Soupe au Canard de Léo McCarey (1933) Note : 16/20

Un préquel au Docteur Folamour


Le film ne vaut que pour ses vingt cinq dernières minutes qui sont, sans être hilarantes, un concentré de génie et de trouvailles.

Au début, on doit encore se taper les excentricités d’Harpo avec qui il faudrait employer des méthodes staliniennes et effacer toutes ses scènes solo des films des Marx Brothers tellement elles sont affligeantes, une réification de l’ânerie transcendantale.

L’apport de McCarey, qui sera par la suite oscarisé à deux reprises, n’est pas à négliger. Il doit même y être pour beaucoup dans la grandeur de ces quelques scènes finales qui commencent avec celle du faux miroir et se concluent avec l’escarmouche opposant les soldats de la Freedonie à ceux de la Sylvanie.

Cette soupe au canard est ce qu’aura produit de mieux le quarteron d’amuseurs parmi les cinq films de leur tableau d’honneur. J’en veux pour preuve cette simple séquence où Groucho se retrouve la tête enfoncée dans une cruche et lorsqu’on parvient à l’enlever, son occiput en a pris la forme et la dimension, la moustache en prime évidemment. On devine là une origine, un début de genre, la base d’un humour absurde et surréaliste qui essaimera et donnera des petits, une filiation. Tout démarra d’une cruche.

Pour conclure, une demi-heure de légende à ranger au panthéon du culte pour l’éternité.

Groucho reste la figure emblématique, la locomotive, l’attraction principale d’une œuvre taillée sur mesure pour lui et qui, in fine sans sa présence, côtoierait dangereusement le néant artistique.

Je termine ainsi ma plongée rétrospective dans l’univers décalé et anarchisant des Marx Brothers à quatre, avec des sentiments mitigés, partagés entre une certaine admiration et l’impression d’avoir été le témoin d’un trop plein de médiocrité.




Samuel d’Halescourt

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