vendredi 17 juin 2016

Chronique des enfers

Prologue (I)




Je ne sais pas quand je suis né. Ce qui signifie que je ne connais pas mon âge. Si ce n’est celui que je me suis donné, date de mon ouverture à la lumière, au bien, à la perspective d’un apaisement, d’une respiration.

L’idée simple de pourfendre tous les cynismes coagulés au fond de mon âme. En finir avec l’autodestruction, l’état suicidaire permanent, se bousiller à coups de marteau ridicule sur l’autel du malentendu. Admettre des références, des fluides porteurs de miséricorde plus forts que nous, l’altruisme léger encadré par une divinité souriante, la béatitude, la plénitude, reléguer les fantômes, les démons et les esprits vengeurs dans le coffre blindé des souvenirs.

Bref j’ai trois ans. J’appréhende le vrai depuis seulement trois ans, alors bien sûr je suis encore sujet à quelques soubresauts mais mon dieu que tout me paraît beau, tout est d’or fin, ciselé par la main même des anges.

Depuis quelques mois j’habite au bord de l’océan, cette grande étendue turquoise qui m’apaise plus que tout. J’en respire l’essence à plein poumon souvent en pleurant.

La bienveillance reflétée par chaque mètre carré de ces lieux m’inspire en retour le même sentiment pour mon environnement. Mes journées s’articulent autour de mes lectures auxquelles viennent se greffer réflexions métaphysiques, consommation de tabac et l’écriture de ce présent ouvrage. Ma phase de rédemption est quasiment révolue. Mon repenti n’occupe plus guère qu’une dizaine de minutes par jour si l’on en vient à en compresser tous les accès.

Je suis orphelin, sans aucune connaissance des miens et pourtant il y a quelques nuits, j’ai fait un rêve. J’étais au paradis et mon grand-père avec son visage de chevalier intègre m’a pris dans ses bras. J’ai senti sa chaleur, son couronnement, son armure bénie contre mon torse. Sa moustache vibrante m’a dit ces quelques mots : « je te pardonne ! ». Dans tout mon être une corde s’est mise à vibrer, C’était celle de l’harmonie, de la quiétude posée comme un voile sur la monstruosité de mon âme.





Samuel d’Halescourt

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