Où Finkielkraut est détendu et d’Ormesson vulgaire.
Beigbeder s’entretient avec
quelques écrivains qu’il a en haute estime, qu’il admire et par
sa déférence retenue obtient une somme de confidences proprement
géniales qui éclairent l’œuvre de ces graphomanes intempestifs
qu’on adore.
Une interview de Houellebecq,
quand elle est bien menée, c’est toujours un peu du Houellebecq,
une apostille essentielle à l’œuvre en cours et qui restera au
même titre qu’une correspondance pour en éclairer les obscures
aspérités.
Contrairement à un travail de
journaliste classique, Beigbeder les met à l’aise et par une
joyeuse et saine connivence recueille de ses chers écrivains non
seulement leurs pensées mais leurs regards pertinents sur leurs
propres travaux.
Il convoque dans un même ouvrage
la virulence parfois trash des représentants les plus emblématiques
du litterary brat pack (McInerney et Easton Ellis) et la douceur
stylistique de nos écrivains les plus académiques (Finkielkraut et
D’Ormesson). Cette alliance, ce mélange d’écoles et de
générations est tout ce qui peut ravir l’homme ouvert, toujours
avide d’associations insolites.
Une belle occasion de découvrir
des auteurs, que Beigbeder semble considérer comme fondamentaux,
tels Bernard Franck ou Albert Cossery dont je n’avais jamais
entendu parler. Rattrapant ma crasse inculture (de nouveau merci
wikipédia), Cossery a l’air des plus intéressants, écrivain de
la paresse, de l’oisiveté, bref du non-travail, il ne peut que
susciter un sincère intérêt.
Pour conclure, si vous avez envie
de découvrir des écrivains sous des angles jusque là inconnus,
précipitez-vous sur ce bouquin où Beigbeder s’impose comme un des
maîtres de l’entretien littéraire.
L’auto interview ou les
interviews posthumes sont particulièrement savoureuses et relèvent
pour le coup d’un vrai travail littéraire.
Beigbeder, sectateur du divergeant
et de l’éclectisme, il reprendrait j’en suis sûr cette maxime
de mon cru qui est ma devise, « je préfèrerais toujours
quelqu’un de brillant à quelqu’un qui pense comme moi ! »
Samuel d’Halescourt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire