samedi 24 octobre 2015

Sixième message du Kindred : De l’herbe et des livres

Sixième message du Kindred


De l’herbe et des livres




Je me dis que les petits gris ne peuvent s’empêcher d’entrevoir le monde par le prisme de celui qui l’aura le plus gros. Finalement chacun son aliénation. Les hominidés du sérail solaire en sont encore à celui qui l’aura la plus grosse.

Le centre ville m’ouvre les bras, pointant à la verticale ses monuments abracadabrantesques, tordus et colorés. Je m’arrête devant une borne civique et paye 10 HD pour avoir le droit de fumer une clope dans la rue. En grillant ma Jupiter’s, je flâne devant des boutiques en tout genre : armurerie, vidéoludisme, robotique, pharmacie ou autre caviste.

Je fais halte dans un débit de cannabis pour acheter dix grammes de Zelazny à Floyd. Dans la fédération, la vente de haschisch est légale à partir du moment où le taux de THC ne dépasse pas 17. Au-delà c’est le marché noir, la filière parallèle.

Après quoi, je m’arrête chez un bouquiniste, ces gardiens de la pensée non numérisés, ces exploitants de la tradition où le rayon ésotérisme s’est confondu avec le général. Le livre est un résistant, le rescapé de toutes les révolutions, réfractaire à toute évolution. La texture du carton de la couverture, l’odeur du papier, le chant des pages que l’on feuillette. Tout ceci est irremplaçable et ça ne s’explique pas. Une nostalgie, un sens de la transmission, la connexion spirituelle avec les générations qui nous ont précédés. Quelque chose d’intrinsèque à l’homme qui le rend dépendant et attaché à un support matériel de l’écrit. Mes entrailles m’en livrent le constat.

Je sors de la boutique avec une édition de généalogie de la morale de Nietzsche sous le bras préfacée par Zazé Mobb, la grande théoricienne du néo-individualisme, de l’eschatologie et des finalités alternées. Mon amour intellectuel.

Je vous recontacte prochainement.










Samuel d’Halescourt

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