mercredi 21 octobre 2015

Viscéral – Rachid Djaïdani (2007) Note : 13/20

Viscéral – Rachid Djaïdani (2007)


Théorème sur l’impossibilité de s’élever




Je me souviens avec émotion de « boumkoeur », son premier livre, que j’avais lu en fond de classe pendant les cours au lycée. Et puis « mon nerf », son deuxième, était assez enthousiasmant, bien écrit et original, du moins par le souvenir que j’en garde.

Quant à celui-là, donc son troisième, il me laisse un goût de laisser-aller et de facilité. L’histoire est intéressante voire prenante plus on se rapproche de la fin mais le style est décevant, entrelardé de comparaisons plus souvent dignes d’un rappeur amateur que d’un écrivain solide et crédible ; même si on se prend d’affection pour Liés et Shéhérazade, les deux protagonistes principaux de cette fable urbaine, cette tragédie bitumeuse, ce conte à la sauce banlieue.

Cela ressemble furieusement au scénario d’un film qu’il n’a pas réussi à monter et qu’après moult tentatives, il se serait décidé à en faire un roman afin que ses personnages vivent d’une façon ou d’une autre.

Chacun des titres des chapitres commence par « à l’heure », une manière plus ou moins subtile d’affirmer que l’on est dans un récit basé sur la temporalité et la coïncidence. Le temps fait ici figure de destin, tout s’imbrique, chaque rencontre est un prétexte au dénouement final.

Pour conclure, un livre mineur, jetable ou échangeable s’il faut être sévère.

Un roman de gare des zones périphériques où le style de Djaïdani a le cul entre deux chaises, hésitant en permanence entre classicisme et renouveau formel.

Malgré tout une certaine douceur perceptible émane du récit, dissimulée au milieu d’une violence inhérente à l’environnement, l’auteur nous dit que la pureté, celle de l’âme, est encore possible. Bonne petite histoire mais au traitement poussif, sans dimension, prise au piège par la petitesse morale des personnages secondaires, archétypes de jeunes de quartier qui ne cessent de vaciller.

Le titre du bouquin ne tient pas ses promesses, ici rien de viscéral !







Samuel d’Halescourt

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