Théorème sur l’impossibilité de s’élever
Je me souviens avec émotion de
« boumkoeur », son premier livre, que j’avais lu en
fond de classe pendant les cours au lycée. Et puis « mon
nerf », son deuxième, était assez enthousiasmant, bien écrit
et original, du moins par le souvenir que j’en garde.
Quant à celui-là, donc son
troisième, il me laisse un goût de laisser-aller et de facilité.
L’histoire est intéressante voire prenante plus on se rapproche de
la fin mais le style est décevant, entrelardé de comparaisons plus
souvent dignes d’un rappeur amateur que d’un écrivain solide et
crédible ; même si on se prend d’affection pour Liés et
Shéhérazade, les deux protagonistes principaux de cette fable
urbaine, cette tragédie bitumeuse, ce conte à la sauce banlieue.
Cela ressemble furieusement au
scénario d’un film qu’il n’a pas réussi à monter et qu’après
moult tentatives, il se serait décidé à en faire un roman afin
que ses personnages vivent d’une façon ou d’une autre.
Chacun des titres des chapitres
commence par « à l’heure », une manière plus ou moins
subtile d’affirmer que l’on est dans un récit basé sur la
temporalité et la coïncidence. Le temps fait ici figure de destin,
tout s’imbrique, chaque rencontre est un prétexte au dénouement
final.
Pour conclure, un livre mineur,
jetable ou échangeable s’il faut être sévère.
Un roman de gare des zones
périphériques où le style de Djaïdani a le cul entre deux
chaises, hésitant en permanence entre classicisme et renouveau
formel.
Malgré tout une certaine douceur
perceptible émane du récit, dissimulée au milieu d’une violence
inhérente à l’environnement, l’auteur nous dit que la pureté,
celle de l’âme, est encore possible. Bonne petite histoire mais au
traitement poussif, sans dimension, prise au piège par la petitesse
morale des personnages secondaires, archétypes de jeunes de quartier
qui ne cessent de vaciller.
Le titre du bouquin ne tient pas
ses promesses, ici rien de viscéral !
Samuel d’Halescourt
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