A l’est – Jean Gab’1 (2015)
Naïf, je vais partir du
principe que Gab’1 est bien l’auteur de son livre, qu’il n’y
a pas de co-auteur dissimulé, encore moins de nègre caché. Fort de
cet axiome, commençons l’épanchement.
Gab’1 s’inscrit comme le
nouveau Cizia Zykë, narrant ses péripéties de jeunesse avec une
verve salutaire et jubilatoire. Faisant fi de la bienséance et des
conventions, il raconte sans honte ce que certains rechigneraient à
dévoiler de peur d’être salement jugés
On peut regretter dans le récit
une redondance de termes argotiques comme mézigue ou coulange qui
reviennent des dizaines de fois et procurent une saturation par la
répétition. Néanmoins, ce style composé de mots qui prennent
racine dans le métissage du langage de la rue est vraiment agréable.
Une sorte de fusion entre la langue de Michel Audiard et celle de
Frédéric Dard. Entre le Mexicain des tontons flingueurs et San
Antonio. Par ce fait Gab’1 conforte l’idée qu’il est bel et
bien un mec à l’ancienne, un homme en noir et blanc qui aurait
troqué le costume pour une tenue cédant aux sirènes du Hip Hop.
La première partie est
sympathique mais la deuxième, se déroulant à Chicago, est
proprement stupéfiante. L’embrouille est au rendez-vous de chaque
journée et les balles pleuvent. L’anarchie des gangs ethniques
fait peser une ambiance de perpétuel état de guerre.
Pour conclure, une bonne petite
autobiographie correctement romancée d’un homme qui a eu un début
d’existence palpitant et criminel. Les tribulations d’une
première génération de bandits nés sur le sol français issus
d’une immigration africaine.
Les années de voyous de Gab’1
feraient une bonne fiction au cinéma à mi-chemin entre Borsalino et
Menace to Society.
Samuel d’Halescourt
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