jeudi 5 novembre 2015

A l’est – Jean Gab’1 (2015) Note : 14/20

A l’est – Jean Gab’1 (2015)

L’errance est une soif d’aventure


Naïf, je vais partir du principe que Gab’1 est bien l’auteur de son livre, qu’il n’y a pas de co-auteur dissimulé, encore moins de nègre caché. Fort de cet axiome, commençons l’épanchement.

Gab’1 s’inscrit comme le nouveau Cizia Zykë, narrant ses péripéties de jeunesse avec une verve salutaire et jubilatoire. Faisant fi de la bienséance et des conventions, il raconte sans honte ce que certains rechigneraient à dévoiler de peur d’être salement jugés

Cette fraternité d’esprit et de trajectoire avec Zykë nous pousse à une interrogation : les apprentis gangsters sont-ils les derniers aventuriers de notre temps ? La réponse allant d’elle-même, le frisson ne pouvant faire l’économie du hors-la-loi.

On peut regretter dans le récit une redondance de termes argotiques comme mézigue ou coulange qui reviennent des dizaines de fois et procurent une saturation par la répétition. Néanmoins, ce style composé de mots qui prennent racine dans le métissage du langage de la rue est vraiment agréable. Une sorte de fusion entre la langue de Michel Audiard et celle de Frédéric Dard. Entre le Mexicain des tontons flingueurs et San Antonio. Par ce fait Gab’1 conforte l’idée qu’il est bel et bien un mec à l’ancienne, un homme en noir et blanc qui aurait troqué le costume pour une tenue cédant aux sirènes du Hip Hop.

La première partie est sympathique mais la deuxième, se déroulant à Chicago, est proprement stupéfiante. L’embrouille est au rendez-vous de chaque journée et les balles pleuvent. L’anarchie des gangs ethniques fait peser une ambiance de perpétuel état de guerre.

Pour conclure, une bonne petite autobiographie correctement romancée d’un homme qui a eu un début d’existence palpitant et criminel. Les tribulations d’une première génération de bandits nés sur le sol français issus d’une immigration africaine.

Les années de voyous de Gab’1 feraient une bonne fiction au cinéma à mi-chemin entre Borsalino et Menace to Society.





Samuel d’Halescourt

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