Le songe d’une nymphe en bas résille
Dridge et moi avons continué à
discuter pendant près d’une demi-heure. Evoquant nos combattants
préférés du MHB, avant tout les poids méga lourds, les plus de
deux cents kilos, la catégorie reine où orques, cyclopes,
minautores et semi-géants tiennent le haut du pavé.
Puis nous avons évoqué les
magouilles du gouvernement, deux sujets dénués de tout rapport si
ce n’est celui de passionner les foules. Dridge et ses fines
dreadlocks était intarissables sur le second. Sa hargne et sa colère
légèrement feinte étaient particulièrement roboratives. Le
président de la fédération, Jacob Cissé, était rhabillé pour
l’hiver.
Sur le chemin du retour, je fais
un détour par le quartier chaud dans l’unique but de me rincer les
mirettes. Enfin quartier, deux rues perpendiculaires qui, vues du
ciel, formeraient la croix du Christ. Ça n’a rien de glauque,
l’endroit est très éclairé et plutôt salubre. La faune qui s’y
concentre échappe à toute notion de dangerosité ou de climat
patibulaire. Un décorum sain et aseptisé.
Je suis interrompu dans ma
déambulation platonique par une rabatteuse qui m’alpague
véhémentement. Elle me sort un baratin automatique, des tu verras,
tu seras pas déçu, c’est la chance de ta vie, une possibilité de
titiller le nirvana, l’occasion d’épaissir ta virilité.
Sa logorrhée est tellement bien
rodée que je me laisse séduire. Je monte avec une des filles de
l’établissement. Une petite blonde à la coupe asymétrique, long
d’un côté, rasé de l’autre, à laquelle il manque deux doigts
à la main droite.
Les promesses de la mama-san n’ont
pas été tenues. Je n’ai rien vu du tout, j’ai joui assez
rapidement dans le soubassement de la frêle Pémala en lâchant un
léger râlement inaudible. Malgré l’apaisement de l’éjaculation,
je restai sur un goût d’inachevé, l’humeur faussement
perturbée. Stabilisé depuis quelques années, je n’ai à peine
senti les embryons de culpabilité et de désespoir poindre.
J’ai allongé le fric et je suis
reparti comme j’étais venu, le fardeau en moins !
Je vous recontacte prochainement.
Samuel d’Halescourt
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