Un film tout bonnement magnifique.
Cronenberg avance et se réinvente tout en gardant quelques
obsessions qui lui sont propres, mettant en scène les relations
mouvementées des précurseurs d’une nouvelle discipline aux
confins de la psychologie, de la philosophie et de la médecine.
Les images et les cadres somptueux
que subliment un peu plus une palette d’acteurs géniaux qui
viennent s’incorporer à des décors quasiment surnaturels de par
leurs beautés.
Mortensen en Freud est impeccable,
interprétant à merveille le père fondateur de la psychanalyse et
de ses théories sexuelles alambiquées et tordues. On apprend qu’il
rejette en partie Jung de son petit cercle du seul fait qu’il n’est
pas juif. Etrange qu’il n’existe pas de mot pour cette forme
inversée d’antisémitisme. Peut-être l’antigoyisme qui, d’après
le film, serait l’origine de l’éloignement des deux pionniers.
Selon une théorie toujours
brillante de mon psy, la seule motivation d’un réalisateur dans la
conception de son film serait le désir d’une seule et simple
scène, le reste n’étant que sueur. Si l’on s’y fie,
Cronenberg n’aurait réalisé « A Dangerous Method »
uniquement pour la scène de fessée que reçoit Keira Knightley et
accessoirement pour les dialogues dits par Vincent Cassel alias Otto
Gross. Gross, personnage fascinant, anarchiste libertaire et
toxicomane soigné quelques temps par Jung.
Pour conclure, une œuvre soignée,
exigeante qui met en scène des intellectuels de haut niveau ayant
marqués l’histoire de la pensée, en proie à leurs pulsions et
qui nous démontre un peu plus que désir et intelligence sont deux
animaux irréconciliables.
Knightley dans son interprétation
de Sabina Spielrein et de ses crises d’hystérie au début du film
est complètement crédible, submergée par l’angoisse , son visage
en portant les stigmates, on peut affirmer que c’est bien joué.
Quant à Jung, au centre du film,
la connexion commune des autres protagonistes, il est dépeint avec
tellement d’élégance que l’on n’en vient à développer
l’envie de lire sa production littéraire.
Samuel d’Halescourt
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