lundi 14 mars 2016

A Dangerous Method de David Cronenberg (2011) Note : 17/20

Collision au sommet ou la guerre des premiers psychanalystes




Un film tout bonnement magnifique. Cronenberg avance et se réinvente tout en gardant quelques obsessions qui lui sont propres, mettant en scène les relations mouvementées des précurseurs d’une nouvelle discipline aux confins de la psychologie, de la philosophie et de la médecine.

Les images et les cadres somptueux que subliment un peu plus une palette d’acteurs géniaux qui viennent s’incorporer à des décors quasiment surnaturels de par leurs beautés.

Mortensen en Freud est impeccable, interprétant à merveille le père fondateur de la psychanalyse et de ses théories sexuelles alambiquées et tordues. On apprend qu’il rejette en partie Jung de son petit cercle du seul fait qu’il n’est pas juif. Etrange qu’il n’existe pas de mot pour cette forme inversée d’antisémitisme. Peut-être l’antigoyisme qui, d’après le film, serait l’origine de l’éloignement des deux pionniers.

Selon une théorie toujours brillante de mon psy, la seule motivation d’un réalisateur dans la conception de son film serait le désir d’une seule et simple scène, le reste n’étant que sueur. Si l’on s’y fie, Cronenberg n’aurait réalisé « A Dangerous Method » uniquement pour la scène de fessée que reçoit Keira Knightley et accessoirement pour les dialogues dits par Vincent Cassel alias Otto Gross. Gross, personnage fascinant, anarchiste libertaire et toxicomane soigné quelques temps par Jung.

Pour conclure, une œuvre soignée, exigeante qui met en scène des intellectuels de haut niveau ayant marqués l’histoire de la pensée, en proie à leurs pulsions et qui nous démontre un peu plus que désir et intelligence sont deux animaux irréconciliables.

Knightley dans son interprétation de Sabina Spielrein et de ses crises d’hystérie au début du film est complètement crédible, submergée par l’angoisse , son visage en portant les stigmates, on peut affirmer que c’est bien joué.

Quant à Jung, au centre du film, la connexion commune des autres protagonistes, il est dépeint avec tellement d’élégance que l’on n’en vient à développer l’envie de lire sa production littéraire.








Samuel d’Halescourt




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