Mon libraire fétiche avait bien
le dernier Rey en rayon. Cette noble maison que je soupçonne de
gauchisme attardisant et ostracisant Millet, Finkielkaut ou autre
Zemmour, distribue encore l’auteur qui nous intéresse ici, ne
s’étant encore jamais distingué médiatiquement de quelques
saillies considérées comme réactionnaires. Infamie suprême chez
le bisournous.
La thèse du livre est simple et
se résume ainsi : les sentiments sont toujours plus forts que
la morale ou l’idéologie. Leçon de vie élémentaire que l’on
intègre généralement avec l’adolescence. Ici c’est l’amour
qui gagne par KO devant les préjugés politiques du personnage
principal.
Personnage qui semble être le
seul type normal, le français moyen anarchisant uniquement mue par
ses désirs et pris en tenaille par le parti national et la horde de
parents d’élèves boboïsant encore plus intolérant que les
premiers au nom évidemment de la tolérance, paradoxe commun à tout
ce qui gravite au-delà du centre gauche.
Nicolas Rey nous gratifie de
quelques scènes de sexe crues, certains diront trash, mais il faut
être relativement humble dans le jugement de cette matière au
référentiel fluctuant, chacun se voyant être le déviant de
l’autre.
Il nous recase également cette
citation qu’il aime tant et empruntée à Lévi-Strauss tirée, si
mon souvenir est bon, de « Race et Histoire » : « Le
barbare c’est celui qui croit à la barbarie », sur laquelle
il y aurait beaucoup à dire, un peu comme l’abyssal slogan de mai
68 : il est interdit d’interdire.
Pour conclure, un des meilleurs
livres de Rey. Du sous-houellebecq évidemment mais c’est le lot de
tous les auteurs contemporains du maître.
Par amour pour Catherine (sosie de
Sigourney Weaver) et dépendance de l’exultation du corps, il se
rapprochera du parti national, faisant tomber les précautions qui
étaient les siennes. Et comment l’en blâmer ? Il suit une
pente logique qui apparaîtra limpidement à tous avec le temps, le
général de Gaulle s’est réincarné et porte le jupon.
Samuel d’Halescourt
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