mardi 23 février 2016

Cabaret de Bob Fosse (1972) Note : 15/20

Berlin, 1931, entre fête, bohème et proto-nazisme


C’est toujours fascinant de voir une époque traitée par une autre ; ici les années trente vues par les années soixante dix et visionnées quarante ans après, cela crée une totale mise en abîme, un méchant vertige, une perspective étourdissante et algébriquement parfaite, les tranches décennales séparant les trois époques étant égales.

L’attraction du film est évidemment la prestation de Lisa Minelli qui donne quelques bonnes performances sur la scène de son cabaret, le Kit Kat Club.

C’est une histoire d’amour entre deux exilés américains dans un Berlin interlope sur fond de montée du nazisme, de miliciens au premier abord débonnaires mais se révélant ultraviolents.

Nous sommes du côté des riches, des artistes, des étudiants étrangers et des juifs, des catégories qui n’ont aucun intérêt à l’instauration du régime hitlérien et dont le point de vue ne peut éclaircir le pourquoi du comment du désir populaire.

La part musicale, les chansons délivrées sur la scène du cabaret sont excellentes et emblématiques, fidèles à ce que l’on attend de ce Berlin là, entrecoupée de scènes de la vie courante où une douce bohème s’abat sur nos héros, à l’âge de toutes les célestes désinvoltures. L’aventure et l’improvisation comme seul horizon. Bob Fosse fut certes un chorégraphe célèbre, mais un réalisateur confidentiel mise à part ce cabaret multirécompensé et oscarisé.

Pour conclure, un film agréable entre comédie musicale et romance vagabonde et éthérée.

Il est toujours difficile de dire qu’un film a vieilli, ce qui est une façon de dénigrer sans trop se mouiller ou paraître objectif. Du coup je m’en dispenserai et déclarerai simplement qu’il est un archétypal reflet de son temps. C’est la folie libertaire des années 70, transposée aux années 30 et fantasmée au travers de ce prisme hippisant. Même si cela reste très classique et que les artistes viscéraux, de cabaret ou non, ont toujours eu ce genre de vie.




Samuel d’Halescourt

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire