L’orgueil et la parole
Hazanavicius avait déjà frappé
fort avec ses deux OSS117 et surtout le second, Rio ne répond plus,
qui est une très grande comédie, certains dialogues y étant
stratosphériques.
Et avec The artist, il réalise le
coup de maître, un noir et blanc muet, unanimement salué et
ovationné. Tous les honneurs qui lui ont été faits sont largement
mérités et justifiés.
Ce vibrant hommage au cinéma
d’antan, d’un hollywoodland au début de sa gloire, d’acteurs
pionniers abattus en pleine ascension par l’arrivée du parlant
dont certains puristes, voire fanatiques, prétendent qu’il signe
la mort du vrai cinéma.
Le film doit sa réussite au fait
qu’il n’est pas un pastiche d’une œuvre des années 20 mais
est au contraire très moderne. Par son montage, son découpage, il
est très actuel et nous parle directement, son caractère muet
n’étant qu’une coquetterie.
On a l’étrange impression
d’avoir toujours connu ce George Valentin comme un comparse d’un
Chaplin, d’un Keaton, d’un Lloyd ou d’un Fairbanks. Un Max
Linder mâtiné d’un Rudolph Valentino.
A l’instar de « Je suis
une légende », cette grande entité à la fois cynique et
hautement catholique qu’est le chien joue un rôle important,
prépondérant dans la construction du récit.
Une vedette qui rate le virage du
parlant par orgueil et une absence de vision qui entraînera sa
déchéance avant d’être sauvé par un bras amoureux et
bienveillant.
Si seulement The artist avait
convaincu certains spectateurs l’ayant vu que les profo-films du
balbutiement cinématographique avaient quelque intérêt.
Pour un réalisateur, utiliser un
acteur est toujours une forme d’engagement. C’est lié sa
filmographie à la sienne. La courte apparition de Malcolm Mc Dowell
est une façon de créer un lien indélébile, éternel entre
l’acteur légendaire d’« Orange Mécanique » et « La
Féline » avec l’œuvre d’Hazanivicius. Une parenté qui
survivra au passage du temps.
Samuel d’Halescourt
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