mardi 9 février 2016

The Artist de Michel Hazanavicius (2011) Note : 17/20

L’orgueil et la parole


Hazanavicius avait déjà frappé fort avec ses deux OSS117 et surtout le second, Rio ne répond plus, qui est une très grande comédie, certains dialogues y étant stratosphériques.

Et avec The artist, il réalise le coup de maître, un noir et blanc muet, unanimement salué et ovationné. Tous les honneurs qui lui ont été faits sont largement mérités et justifiés.

Ce vibrant hommage au cinéma d’antan, d’un hollywoodland au début de sa gloire, d’acteurs pionniers abattus en pleine ascension par l’arrivée du parlant dont certains puristes, voire fanatiques, prétendent qu’il signe la mort du vrai cinéma.

Nenni, c’est l’exact contraire, le vrai cinéma ne naît vraiment qu’avec le parlant, il y prend tout son corps, sa dimension pour devenir définitivement l’art total, la grande synthèse du théâtre et de la peinture.

Le film doit sa réussite au fait qu’il n’est pas un pastiche d’une œuvre des années 20 mais est au contraire très moderne. Par son montage, son découpage, il est très actuel et nous parle directement, son caractère muet n’étant qu’une coquetterie.

On a l’étrange impression d’avoir toujours connu ce George Valentin comme un comparse d’un Chaplin, d’un Keaton, d’un Lloyd ou d’un Fairbanks. Un Max Linder mâtiné d’un Rudolph Valentino.

A l’instar de « Je suis une légende », cette grande entité à la fois cynique et hautement catholique qu’est le chien joue un rôle important, prépondérant dans la construction du récit.

Pour conclure, un film atypique, un pari osé qui touche juste, destiné simultanément au grand public et aux cinéphiles les plus hardcores.

Une vedette qui rate le virage du parlant par orgueil et une absence de vision qui entraînera sa déchéance avant d’être sauvé par un bras amoureux et bienveillant.

Si seulement The artist avait convaincu certains spectateurs l’ayant vu que les profo-films du balbutiement cinématographique avaient quelque intérêt.

Pour un réalisateur, utiliser un acteur est toujours une forme d’engagement. C’est lié sa filmographie à la sienne. La courte apparition de Malcolm Mc Dowell est une façon de créer un lien indélébile, éternel entre l’acteur légendaire d’« Orange Mécanique » et « La Féline » avec l’œuvre d’Hazanivicius. Une parenté qui survivra au passage du temps.




Samuel d’Halescourt

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