jeudi 4 février 2016

Treizième message du Kindred : Un sméagol chez Daddi Tolkien


Notre nouvelle destination, Léda, un étrange bout de caillou, flottant au milieu d’un vide impeccable, avec pour seul décor toute l’armada du système jovien.

L’enseigne était visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde et affichait ses lettres phosphorescentes : Daddi Tolkien.

Le petit astromotel était le lieu de rencontre entre voyageurs itinérants en quête d’escale et ouvriers exploitant les mines du satellite venus se rassasier en alcool fantasque.

Le Kindred s’est posé sans encombre sur une des nombreuses places libres du parking spatial. Nous empruntons le long tunnel en forme d’accordéon qui mène au centre du cosmique estaminet. L’endroit est semblable à une taverne anglaise d’un haut Moyen Âge mythifié avec ses fausses pierres et ses imitations de bois traditionnel, son immense cheminée dans laquelle brûle un feu factice et ses tapisseries illustrant nains, elfes et hobbits.

Dans cette atmosphère chaleureuse, nous nous ruons au bar et après avoir succinctement consulté la carte des cocktails, nous commandons deux sméagols.

Le barman, un blondinet estropié exhibant par son bermuda sa jambe bionique, nous servit l’excentrique breuvage. Un mélange à base de gin et de malibu à l’intérieur duquel surnage une tête effervescente de Gollum qui est en fait un dérivé de morphine à haute teneur en caféine.

A côté de nous, deux rouquines aux peaux dichotomiques, l’une blanche et l’autre noire, boivent un verre dans d’indécents éclats de rire. Floyd me raconte ses exploits en ligne, je l’écoute d’une oreille, l’autre étant solidaire de mes yeux, braqués sur l’enchanteresse apparition mitoyenne.

Une fois le minuscule visage disparu dans la mixture, nous nous sommes empressés de l’ingurgiter avant d’en recommander un deuxième.




Samuel d’Halescourt

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