Notre nouvelle
destination, Léda, un étrange bout de caillou, flottant au milieu
d’un vide impeccable, avec pour seul décor toute l’armada du
système jovien.
L’enseigne était
visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde et affichait
ses lettres phosphorescentes : Daddi Tolkien.
Le petit astromotel était
le lieu de rencontre entre voyageurs itinérants en quête d’escale
et ouvriers exploitant les mines du satellite venus se rassasier en
alcool fantasque.
Le Kindred s’est posé
sans encombre sur une des nombreuses places libres du parking
spatial. Nous empruntons le long tunnel en forme d’accordéon qui
mène au centre du cosmique estaminet. L’endroit est semblable à
une taverne anglaise d’un haut Moyen Âge mythifié avec ses
fausses pierres et ses imitations de bois traditionnel, son immense
cheminée dans laquelle brûle un feu factice et ses tapisseries
illustrant nains, elfes et hobbits.
Dans cette atmosphère
chaleureuse, nous nous ruons au bar et après avoir
succinctement consulté la carte des cocktails, nous commandons deux
sméagols.
Le barman, un blondinet
estropié exhibant par son bermuda sa jambe bionique, nous servit
l’excentrique breuvage. Un mélange à base de gin et de malibu à
l’intérieur duquel surnage une tête effervescente de Gollum qui
est en fait un dérivé de morphine à haute teneur en caféine.
A côté de nous, deux
rouquines aux peaux dichotomiques, l’une blanche et l’autre
noire, boivent un verre dans d’indécents éclats de rire. Floyd me
raconte ses exploits en ligne, je l’écoute d’une oreille,
l’autre étant solidaire de mes yeux, braqués sur l’enchanteresse
apparition mitoyenne.
Une fois le minuscule
visage disparu dans la mixture, nous nous sommes empressés de
l’ingurgiter avant d’en recommander un deuxième.
Samuel d’Halescourt
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