jeudi 11 février 2016

Un léger passage à vide – Nicolas Rey (2010) Note : 15/20

Le Hank Moody francais (californication franchouillard)


Soyons objectifs, Nicolas Rey a une belle écriture mais ça n’a rien de transcendant. Pourtant j’adore ce qu’il fait, peut-être parce que je l’ai choisi et décidé d’aimer, juste comme ça, par détermination, l’intuition d’une sororité d’âme, d’un compagnonnage spectral et désespéré ou le fait que nous ayons fréquenté le même lycée.

Ce livre est une sorte de renaissance pour Rey, après un « Vallauris plage » qui n’était vraiment pas bon du fait de sa trop grande confusion et de son ankylose, celui-ci est un retour aux sources, celui de « Treize minutes » et « Mémoire courte ».

Cette autobiographie romancée, en forme de suprême joyeuseté, est un ravissement pour celui qui comme l’auteur a connu un léger passage à vide de plus d’une décennie ou qui le vit encore avec son cortège d’errances autodestructrices.

Entre son statut de père qu’il gère comme il peut, son rapport à l’amour, passé ou présent et ses différentes addictions qui le mèneront tout droit en cure de désintox, sans oublier son agent, personnage plus grand que nature, on subodore qu’il est bel et bien réel.

Ce bouquin pourrait devenir avec les années un bréviaire estampillé « paumé », au même titre qu’un Bukowski ou un Fante (père ou fils peu importe).

Pour conclure, un livre bien construit aux courts chapitres qui permettent d’attaquer directement aux tripes. Certes, légèrement boboïsant, mais qui n’a jamais frayé avec la bohême bourgeoisie lui jette la première pierre. Son personnage d’ectoplasme gauchisant prêt à vaciller à la première apparition du réel est assez jouissif et attendrissant.

Et puis le style est correct, complètement potable, il ne surnage pas mais se maintient dans la catégorie de ceux qui ont légitimement droit de cité.

Je me rends compte qu’avec « Un léger passage à vide », j’ai lu l’intégralité de la production de Nicolas Rey. Je n’en tire aucune gloriole personnelle, un simple sentiment de satisfaction. Mais on m’indique qu’un nouveau Rey est disponible en librairie. Je me rue de ce pas chez mon fournisseur habituel.




Samuel d’Halescourt

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