Le Hank Moody francais (californication
franchouillard)
Soyons objectifs, Nicolas
Rey a une belle écriture mais ça n’a rien de transcendant.
Pourtant j’adore ce qu’il fait, peut-être parce que je l’ai
choisi et décidé d’aimer, juste comme ça, par détermination,
l’intuition d’une sororité d’âme, d’un compagnonnage
spectral et désespéré ou le fait que nous ayons fréquenté le
même lycée.
Ce livre est une sorte de
renaissance pour Rey, après un « Vallauris plage » qui
n’était vraiment pas bon du fait de sa trop grande confusion et de
son ankylose, celui-ci est un retour aux sources, celui de « Treize
minutes » et « Mémoire courte ».
Cette autobiographie
romancée, en forme de suprême joyeuseté, est un ravissement pour
celui qui comme l’auteur a connu un léger passage à vide de plus
d’une décennie ou qui le vit encore avec son cortège d’errances
autodestructrices.
Entre son statut de père
qu’il gère comme il peut, son rapport à l’amour, passé ou
présent et ses différentes addictions qui le mèneront tout droit
en cure de désintox, sans oublier son agent, personnage plus grand
que nature, on subodore qu’il est bel et bien réel.
Ce bouquin pourrait
devenir avec les années un bréviaire estampillé « paumé »,
au même titre qu’un Bukowski ou un Fante (père ou fils peu
importe).
Pour conclure, un livre
bien construit aux courts chapitres qui permettent d’attaquer
directement aux tripes. Certes, légèrement boboïsant, mais qui n’a
jamais frayé avec la bohême bourgeoisie lui jette la première
pierre. Son personnage d’ectoplasme gauchisant prêt à vaciller à
la première apparition du réel est assez jouissif et attendrissant.
Et puis le style est
correct, complètement potable, il ne surnage pas mais se maintient
dans la catégorie de ceux qui ont légitimement droit de cité.
Je me rends compte
qu’avec « Un léger passage à vide », j’ai lu
l’intégralité de la production de Nicolas Rey. Je n’en tire
aucune gloriole personnelle, un simple sentiment de satisfaction.
Mais on m’indique qu’un nouveau Rey est disponible en librairie.
Je me rue de ce pas chez mon fournisseur habituel.
Samuel d’Halescourt
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